Union européenne, islam, GPA… Houellebecq et « l’assassinat » de l’Occident

« Valeurs actuelles » a suivi l’écrivain pendant 24 heures. L’hebdomadaire publie aussi le texte d’un discours prononcé lors d’une remise de prix.

« Je considère l’état de l’Occident du point de vue des deux critères que mon histoire intellectuelle m’a amené à considérer comme fondamentaux : la démographie et la religion », ainsi parle Michel Houellebecq dans le discours qu’il a prononcé lors de la remise du prix Oswald Spengler, en mémoire du penseur allemand auteur du Déclin de l’Occident. Un discours que Valeurs actuelles reproduit in extenso, en accompagnement d’une « déambulation bruxelloise » de 24 heures et qui éclaire notamment la formation intellectuelle de l’écrivain français. Qui revient donc sur des sujets qui le préoccupent : l’Union européenne, la place de l’islam ou encore la GPA.

« Je suis prêt à voter pour n’importe qui pourvu qu’on propose la sortie de l’Union européenne et de l’Otan, ça, j’y tiens beaucoup », explique Michel Houellebecq à l’hebdomadaire. Une idée qu’il défend aussi dans son discours. À propos du livre d’Éric Zemmour, Le Suicide français, il explique : « Je n’avais pas été d’accord. […] Dans l’histoire récente de la France, il y a quelque chose qui relève non pas du suicide, mais bel et bien de l’assassinat. Et le coupable de cet assassinat n’est guère difficile à découvrir : c’est l’Union européenne. […] À l’intérieur du monde occidental, l’Europe a choisi un mode de suicide particulier, qui inclut le fait d’assassiner les nations qui la composent. »

« Il vaudrait mieux que la religion catholique reprenne le dessus »

Dans son discours, il revient sur la manière et sur ce que signifie pour lui « l’influence » du philosophe allemand Oswald Spengler disparu en 1936. Michel Houellebecq se réfère à Auguste Comte pour évoquer la religion : « Pour juger de l’état de santé d’une société, il se réfère uniquement à l’état de santé de la religion qui la fonde et la constitue. […] J’ai eu l’occasion de constater, dans ma vie privée, que la religion pouvait modifier le comportement de l’être humain – et que c’était la seule chose, en réalité, qui était capable de le faire, en dehors de l’amour. […] Considérons la situation de l’islam, à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. […] Les élites s’en détachaient rapidement. […] L’islam apparaissait comme une survivance archaïque, vouée à disparaître dans des délais brefs. Considérons ce qu’est l’islam aujourd’hui, dans ces mêmes pays. Qui peut sérieusement soutenir : Ce qui s’est produit pour l’islam ne peut en aucun cas se produire pour le christianisme ? »

Sur la question de l’islam, l’écrivain s’ouvre aussi auprès de Valeurs actuelles : « Du temps où l’islam était caché, où c’était l’islam des caves, tout allait bien. Maintenant, ils posent problème. Ça, c’est parce qu’on leur a dit qu’ils pouvaient être visibles. Pour régler ça, il vaudrait mieux que la religion catholique reprenne le dessus. »

« Un état de déclin très avancé »

Michel Houellebecq développe aussi sa pensée sur la démographie, expliquant avoir été marqué par un professeur de génétique des populations lors de ses études d’ingénieur agronome. Il revient sur ses divergences avec la maxime darwiniste, « struggle for life », mettant en avant que : « Les modalités sont infinies, mais la conclusion est la même : le meilleur moyen de survivre, ce n’est pas de gagner la compétition, c’est d’y échapper. » Dans son interview avec l’hebdomadaire, il se prononce aussi sur une question d’actualité : la GPA. Un avis tranché : « La gestation pour autrui, c’est grave. Pour une femme, la grossesse, c’est pas rien, ça modifie son corps. Acheter un corps de femme, c’est dégueulasse. »

S’il se décrit comme « plus optimiste. […] Enfin, en réalité, plus incertain, c’est-à-dire au fond plus optimiste » que le philosophe allemand Oswald Spengler, Michel Houellebecq s’inscrit aussi dans sa pensée. Expliquant finalement qu’à l’aune de la démographie et de la religion « il est évident que j’aboutis à des conclusions exactement identiques à celles de Spengler : l’Occident est dans un état de déclin très avancé ».

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