Une école musulmane à la rentrée à La Chapelle-Saint-Mesmin près d’Orlèans

Mettant en avant la pédagogie Montessori, cet établissement privé – hors contrat avec l’Education nationale – se présente comme la première école musulmane de la région.

Elle avance sans tambour ni trompette. Et quand on voit la levée de boucliers qu’avait suscitée un projet analogue à Orléans, l’année dernière, on peut comprendre pourquoi. Aujourd’hui, l’association Les Ateliers Montessori est en passe de réussir son pari : ouvrir la première école musulmane de la région. Dès septembre prochain. La rentrée se prépare dans la plus grande discrétion dans les locaux de l’association au 1, rue de l’Aquitaine, à La Chapelle-Saint-Mesmin, à deux pas de l’autoroute. Des locaux de 520 m² occupés jusqu’en 2012 par la crèche des Petits Chaperons rouges.

Anglais et Arabe au programme

Sur place, des ouvriers sont à pied d’œuvre pour aménager les futures salles de classe. Mais le représentant des Ateliers Montessori se refuse au moindre commentaire. « Nous communiquerons à la fin du mois de juin, quand nous aurons reçu notre agrément », indique cet homme d’une trentaine d’années. Tout juste assure-t-il que son projet n’a aucun lien avec l‘ouverture – avortée – d’une école musulmane dans le quartier de l’Argonne.

Sur Internet, l’association est toutefois plus bavarde. Sur la page Facebook de la communauté musulmane du Loiret, un appel aux dons a été lancé et sur le site des Ateliers Montessori, un compteur affiche 60 généreux donateurs prêts à payer 10 € par mois pour financer locaux et personnels. C’est maigre.
Les frais de scolarité seront l’autre source de revenu : les parents devront débourser 2.000 € par an (200 € sur 10 mois) pour pouvoir inscrire leurs enfants dans cette école privée. Et c’est tout pour les caisses de l’établissement.

École hors contrat, les Ateliers Montessori ne bénéficieront d’aucune aide publique, comme le confirme Denis Toupry, directeur des services départementaux de l’Éducation nationale dans le Loiret. « Dans ce cas-là, le personnel n’est pas rétribué par l’Etat. C’est à la charge de l’association. » L’Inspection académique a donné son feu vert, ou, plutôt, s’est contentée de « donner acte de l’ouverture » de l’établissement, sur la base de documents administratifs fournis par les Ateliers Montessori (statuts de l’association, plans des locaux,…). Sans avoir connaissance du projet pédagogique. « La liberté d’enseignement est prévue par les textes, y compris sur les programmes », rappelle Denis Toupry. Seuls le préfet ou le procureur de la République pourraient aujourd’hui s’opposer à l’ouverture de l’établissement à la rentrée.

Sur le site Internet des Ateliers Montessori, on apprend que deux langues y seront enseignées : l’anglais et l’arabe. Et qu’un « éveil religieux » sera bien sûr dispensé aux enfants. Fondé sur la pédagogie Montessori, l’école promet aux parents un « suivi personnalisé » avec un maximum de « 17 élèves par classe exceptée pour la maternelle limitée à 20 enfants ».

Les responsables n’ont pas rencontré le maire

Les Ateliers Montessori sont à l’origine une association basée à Saint-Jean-de-Braye. Créée en 2013, son but premier était de développer des « ateliers de découverte ». En février, ses statuts ont été modifiés pour y ajouter la « création et la gestion de tout établissement scolaire » mais aussi « d’une crèche et d’une halte-garderie ». Les statuts de l’association font explicitement référence à la pédagogie Montessori. Mais nulle trace d’une quelconque appartenance religieuse.

Nicolas Bonneau, maire PS de La Chapelle-Saint-Mesmin, dit n’avoir connaissance de ce projet d’école que « depuis quelques semaines ». « Nous avons reçu un courrier de déclaration d’intention en mairie. Mais nous ne sommes pas décisionnaires. C’est l’Education nationale qui a instruit le dossier », insiste le premier magistrat de la commune, qui n’a jamais rencontré les responsables de l’association musulmane. « Je suis très attaché à l’école publique. Il est évident que c’est un dossier que nous allons suivre de près », prévient-il, aujourd’hui.

Située au cœur d’une zone industrielle, cette nouvelle école privée ne devrait en tout cas susciter aucune réticence de la part d’un voisinage composé d’établissements hôteliers.

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