Tunisie: qui est Chokri Belaïd, opposant farouche aux islamistes
Belaïd, 48 ans, était un militant farouche, charismatique, qui sonnait souvent la charge contre les islamistes dans les médias. Secrétaire général du Watad, le Mouvement des patriotes démocrates, d’obédience marxiste et panarabiste, Chokri Belaïd a intégré la Haute Instance pour les réformes politiques, qui a piloté la transition. Il s’est aussi efforcé de donner une consistance à son petit parti, légalisé au printemps 2011. «Il travaillait à unifier les forces marxistes et panarabistes», souligne aussi Samir Rabhi. A maintes reprises, Belaïd a dénoncé le climat de violence politique, qui s’aggrave depuis plusieurs mois. Il était détesté des sympathisants islamistes, qui fustigeaient son omniprésence médiatique.
Le défunt, qui avait obtenu une licence en sciences juridiques d’une université irakienne avant de poursuivre ses études en France, occupait le poste de secrétaire général du parti des "Patriotes démocrates unifié". Il était aussi un membre éminent du Front populaire qui regroupe plusieurs partis de gauche et des partis nationalistes et bassistes de Tunisie.
Chokri Belaïd s’était brillement frayé un chemin d’activiste politique et de défenseur des droits syndicaux, notamment pendant les événements du "bassin minier" survenus en 2008 dans la Wilaya de Gafsa, qui ont été marqués par des affrontements sanglants entre les forces de l’ordre et les travailleurs des mines de phosphates.
Au lendemain de la Révolution, Belaïd s’est joint à la "Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique" , créée en commun accord entre les acteurs politiques dans l’objectif de préparer la transition politique dans le pays, après la chute du régime Ben Ali. Il était aussi porte-parole du Mouvement national démocrate (opposition), mis en place en mars 2011, avant d’accéder, en avril de la même année, au poste de secrétaire général du parti des Patriotes démocrates unifié.
C’est en cette qualité que le défunt a pris part, aux côtés des forces nationalistes et de gauche, à la formation du Front populaire mis sur pied en août 2012, et regroupant 12 partis.
Il a, dans ce sens, vertement critiqué la gestion par le gouvernement du phénomène de la violence politique, notamment envers les mouvements salafistes jihadistes et les comités de protection de la Révolution. La dernière critique en date était celle formulée mardi quand il a accusé Ennahda et le ministère de l’Intérieur dirigé par Ali Laaridh, du parti islamiste, de "tenter de démanteler l’Etat, et de créer des milices pour terroriser les citoyens afin de précipiter le pays dans un tourbillon de violence", allusion auxdits comités de protection de la Révolution, que l’opposition considère comme appartenant à Ennahda et la pointe du doigt pour les actes de violence.