Trump et le pape: rencontre de deux hommes que tout oppose, ou presque

Donald Trump, président de la plus grande puissance mondiale, découvre ce mercredi matin le plus petit Etat du monde, dirigé par un pape souvent aux antipodes de ses idées et capable de frapper fort.

De prime abord, les sujets de dissension entre "le milliardaire" et "le pape des pauvres" semblent innombrables, des barrières contre l’immigration à l’économie libérale. Mais ces hommes très imprévisibles pourraient aussi se focaliser sur leurs points communs, comme la lutte intransigeante contre l’avortement.

M. Trump a ainsi autorisé des entreprises à refuser de financer la prise en charge de la contraception de leurs employés, bloqué le financement d’ONG internationales soutenant l’avortement et nommé à la Cour suprême un juge ultra-conservateur étiqueté anti-avortement.

De quoi faire plaisir à la moitié conservatrice de l’électorat catholique qui a voté pour lui, mais aussi au pape François.

Car malgré son image de "révolutionnaire", le pontife argentin reste un strict gardien de la tradition sur les questions éthiques, s’opposant encore récemment à la recherche sur des embryons humains.

Avec ce rendez-vous matinal au Vatican – l’audience se tiendra à 08h30 (06h30 GMT) -, le président américain clôture aussi son tour des trois grandes religions monothéistes, après un discours sur l’islam en Arabie saoudite et une visite au mur des Lamentations à Jérusalem.

"Ce voyage est vraiment historique. Aucun président n’a visité les foyers et lieux saints des fois juive, chrétienne et musulmane en un seul voyage. Ce que le président Trump essaie de faire est d’unir les peuples de toutes les fois autour d’une vision commune de paix, de progrès et de prospérité", a expliqué le conseiller américain à la sécurité nationale, le général H.R. McMaster.

Après la rencontre, François ira tenir sa traditionnelle audience hebdomadaire du mercredi devant des milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre, tandis que M. Trump aura le privilège d’une visite privée de la chapelle Sixtine et de la célèbre basilique, chef-d’oeuvre de Michel-Ange et du Bernin.

Il rencontrera ensuite le président et le chef du gouvernement italiens, pendant que son épouse Melania rendra visite à des enfants malades à l’hôpital Bambino Gesù et que sa fille et conseillère Ivanka se rendra auprès de la communauté catholique de Sant’Egidio pour y évoquer la lutte contre le trafic de migrants.

L’avion présidentiel Air Force One repartira en début d’après-midi pour Bruxelles, où M. Trump doit rencontrer le roi et le Premier ministre belges.

"Je dirai ce que je pense, il dira ce qu’il pense", a précisé le pontife argentin voici une dizaine de jours, en affirmant "ne jamais porter de jugement sur une personne sans l’écouter".

Ce pourfendeur de la prolifération des armes évoquera-t-il les contrats de 110 milliards de dollars pour la vente d’armement signés samedi à Ryad ?

Peut-être, mais le pape argentin a aussi annoncé sa démarche vis-à-vis du président Trump: "Chercher les portes qui au moins sont un peu ouvertes" et "parler des choses communes" pour aller de l’avant. Il pourrait donc essayer d’influer sur des dossiers encore non tranchés, comme la position américaine sur le changement climatique.

Ces précautions oratoires sont loin de sa mémorable pique de février 2016. Interrogé sur M. Trump, François avait lancé, sans mentionner le nom du magnat de l’immobilier qui n’était encore que candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle: "Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne".

Le milliardaire avait jugé "honteux" qu’un responsable religieux "mette en doute la foi d’une personne". Ce qui ne l’avait pas empêche de maintenir son projet de construire un grand mur le long de la frontière avec le Mexique.

Lors de la prestation de serment de M. Trump en janvier, le pape avait prié pour que ses décisions soient marquées par une "préoccupation pour les pauvres et les exclus". Las, la Maison Blanche a dévoilé mardi une proposition de budget 2018 comprenant des coupes dans l’assurance maladie et des programmes sociaux.

Joshua McElwee, vaticaniste américain du National Catholic Reporter, voit "peu de bénéfices" à attendre de ce tête-à-tête entre deux hommes si opposés, décidé à la dernière minute, comme un passage obligé pour le président américain en route pour le G7 de Taormina, en Sicile.

(Avec AFP)

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