Trump donne sa caution à des vidéos antimusulmanes, Londres condamne

Le président des Etats-Unis Donald Trump a retweeté mercredi des vidéos antimusulmanes propagées par l’extrême droite britannique, un geste de parrainage politique que Downing Street a déploré.

Les trois vidéos, publiées depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux et dont les origines sont floues pour certaines, ont été tweetées par Jayda Fransen, vice-présidente d’un petit parti d’extrême droite, Britain First, et sont intitulées: "Un migrant musulman tabasse un Néerlandais en béquilles !", "Un musulman détruit une statue de la Vierge Marie !" et "Foule islamiste pousse un adolescent du toit et le bat à mort !".

Cette dernière vidéo a été filmée en 2013 en Egypte durant des manifestations contre l’ex-chef de l’armée Fattah al-Sissi; elle a été utilisée dans le procès d’un homme ayant participé aux violences. Elle est montrée sans aucun contexte, tout comme les deux autres, et dans un but apparent de généralisation contre les musulmans et l’islam, quelles que soient les circonstances des scènes filmées.

La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a d’ailleurs estimé que la véracité des vidéos n’était pas le sujet. "La menace est réelle, c’est ce dont parle le président: le besoin de sécurité nationale et de dépenses militaires. Ce sont des choses très réelles, il n’y a rien de faux à ce sujet".

L’occupant de la Maison Blanche a relayé ces vidéos sur son compte aux 44 millions d’abonnés tôt mercredi, entre 06h35 et 06h45 heure de Washington, sans commentaire.

A Londres, la classe politique a réagi jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.

Le président américain a commis "une erreur", a déclaré un porte-parole de la Première ministre Theresa May.

"Britain First cherche à diviser les communautés en usant de propos haineux qui colportent des mensonges et attisent les tensions", a déclaré le porte-parole.

Indignation également chez les travaillistes, dont beaucoup regrettent que le dirigeant américain ait offert une tribune mondiale au parti d’extrême droite.

Les retweets "sont abjects, dangereux et une menace pour notre société", a déclaré Jeremy Corbyn, le chef du parti travailliste.

Condamnations démocrates

Jayda Fransen s’est en revanche félicitée de la publicité qui lui est soudainement offerte, tweetant: "Que Dieu vous bénisse Trump ! Qu’il bénisse l’Amérique".

Britain First, qui n’a gagné aucun mandat électoral depuis sa fondation en 2011 par d’anciens membres du Parti national britannique (BNP), a fait des musulmans l’une de ses principales cibles, organisant notamment des piquets devant des mosquées en arborant des croix chrétiennes. Ses manifestations peinent à rassembler.

Mme Fransen a été condamnée en 2016 à une amende de près de 2.000 livres (environ 2.300 euros) pour avoir insulté une femme portant le voile durant une "patrouille chrétienne".

"Trump a légitimé l’extrême droite dans son propre pays, maintenant il essaie de faire de même dans le nôtre", a aussi dénoncé Brendan Cox, mari de la députée travailliste Jo Cox, assassinée en 2016 par un extrémiste qui a été entendu crier à plusieurs reprises "Britain First" lors du crime.

Aux Etats-Unis, les retweets ont rappelé la campagne présidentielle de 2016, quand le candidat Trump avait proposé de fermer les frontières américaines aux musulmans. "Je pense que l’islam nous hait. Il y a une sorte de haine immense là-bas. Il y a une immense haine", avait aussi dit le candidat républicain en mars 2016, dans une interview à CNN.

"Le président Trump dit clairement à sa base électorale qu’elle doit haïr l’islam et les musulmans", a déploré mercredi Nihad Awad, directeur du Council on American-Islamic Relations, grande association américaine de défense des musulmans.

Et de nombreux élus démocrates ont exprimé leur consternation et leur inquiétude pour leurs concitoyens musulmans.

"Il y a plus de 3 millions d’Américains musulmans", a réagi le représentant Jim Himes, qui a appelé à défendre "non seulement notre démocratie, mais une morale humaine fondamentale contre cet homme".

"Il est choquant et terrible de voir tant d’islamophobie de la part du président d’un pays qui protège la liberté de religion et où vivent des millions de musulmans", a déclaré pour sa part le parlementaire démocrate Don Beyer.

AFP

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