Textile : le Maroc doit passer en revue l’ensemble de la chaîne de valeur pour réussir une véritable circularité (IFC)
« Pour assurer une véritable circularité, le Maroc doit passer en revue l’ensemble de la chaîne de valeur du textile, de la conception à l’approvisionnement puis la commercialisation, en tenant compte des déchets produits à ces différentes étapes, pour s’assurer que son industrie est à même de satisfaire aux exigences de l’Union européenne (UE) », ressort-il de cette étude thématique réalisée par l’IFC sur la circularité dans l’industrie marocaine du textile intitulée « Du linéaire au circulaire : perspectives pour l’industrie marocaine du textile ».
Tout en se conformant aux nouvelles exigences de l’UE en matière de circularité et de durabilité, le Maroc peut obtenir des résultats positifs qui incluent l’augmentation des exportations vers le bloc des 27, une part de marché plus importante à mesure que les acheteurs s’approvisionnent davantage auprès du Royaume et cherchent à raccourcir les chaînes d’approvisionnement, et la capacité à se positionner pour un meilleur accès au vaste marché américain, précise la même source.
Bien que ces mesures demandent des efforts considérables, l’IFC soutient que le Royaume est bien placé pour réussir le pari de circularité dans l’industrie textile pour plusieurs raisons liées notamment aux atouts du pays, ainsi qu’à la prise de conscience par les autorités nationales et les acteurs du secteur du textile quant à l’impératif de saisir cette opportunité et d’agir en urgence.
Et de noter que la mise en place d’une économie circulaire pour l’écosystème du textile permettrait également de créer un plus grand nombre d’emplois et de nouvelles chaînes de valeur, au regard de l’importance vitale du secteur pour le Royaume.
Par ailleurs, la transformation de l’industrie marocaine du textile, de manière à ce qu’elle applique les principes de la circularité, ne se limite pas à l’utilisation d’énergies renouvelables ou à l’augmentation des taux de recyclage, mais elle consiste également à utiliser moins d’intrants (tissus, colorants, eau et énergie) pour fabriquer des produits textiles en tirant le meilleur parti des moyens engagés.
Dans ce sens, l’étude met en exergue une série de mesures cruciales que le Maroc doit prendre pour atteindre cette ambition, dont la promotion de la récupération des déchets post industriels (en particulier les chutes de la salle de coupe) et des déchets pré-consommation, outre l’établissement au niveau local des usines modernes de collecte et de recyclage capables de transformer les déchets en fils et en tissus, et de recycler les vêtements importés invendus, même si cette dernière tâche nécessiterait d’adopter de nouvelles règles douanières.
Il s’agit également de bâtir localement une industrie moderne et durable, qui fournit des éléments amont comme le fil, le tissu, l’impression et la teinture, et qui assure la traçabilité pour les marques, et d’accroître les possibilités de collaboration avec des entreprises locales en amont de la chaîne de valeur, ce qui aiderait le Maroc à satisfaire aux règles d’origine de la zone pan-euro-méditerranéenne relatives à l’accès préférentiel à l’UE.
Il est aussi question de passer de la mode éphémère et du modèle CMT (modèle coupe-assemblage-finition – Cut, Make and Trim) selon lequel les tissus proviennent de l’étranger, à un modèle pour lequel une plus grande quantité de matériaux est achetée localement et qui offre aux acheteurs des articles issus d’un système de production de FPP (système de production de bout en bout-Full Package Production). Il s’agit, en outre, de collaborer étroitement avec l’UE et ses représentations pour le commerce international pour obtenir des conseils et, le cas échéant, solliciter des financements pour appuyer la transition, ainsi que de cibler les filières textiles dans lesquelles le Royaume dispose d’un avantage comparatif, et d’investir davantage dans l’innovation et la technologie pour améliorer l’avantage concurrentiel du pays.