Syrie : le régime de Bachar el-Assad en passe de reprendre Alep
Alors que les rebelles perdent du terrain, le secrétaire général de l’ONU s’est alarmé des informations y faisant état d’atrocités récentes contre des civils.
"La bataille d’Alep touche à sa fin", a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, en parlant du principal front de ce conflit syrien qui a fait plus de 300 000 morts et déplacé au moins la moitié de la population. De leur ancien bastion d’Alep-Est qu’ils contrôlaient depuis 2012, les insurgés ne tiennent plus que deux principaux quartiers, Soukkari et Al-Machad, en plus d’une poignée de petits secteurs, d’après l’OSDH.
Selon un responsable militaire à Alep, l’offensive aérienne et terrestre lancée le 15 novembre par les forces loyales au régime de Bachar el-Assad "entre dans sa phase finale. Nous vivons les derniers moments avant la victoire". En soirée, du côté ouest d’Alep aux mains du régime, d’intenses tirs de célébration ont été entendus par des journalistes de l’Agence France-Presse. La télévision d’État montrait elle des scènes de liesse dans le même secteur. Sur les images on voit des gens crier "Allah, Syrie et Bachar" et brandir des portraits d’Assad et des drapeaux syriens. Dans le sud de la métropole ravagée, les frappes aériennes et les tirs d’artillerie se poursuivaient sur le dernier réduit rebelle, alors que les civils continuaient de fuir.
Protéger les civils
Dans le quartier d’Al-Machad, toujours sous contrôle rebelle, des témoins ont affirmé que de nombreux civils s’entassaient dans un même secteur faute d’abris. Des femmes et des enfants dorment dans la rue adossés à leurs valises. Les gens ont faim et sont à la recherche de pain, selon ces témoins. Via son porte-parole, Stéphane Dujarric, Ban Ki-moon a en tout cas tiré la sonnette d’alarme en mentionnant les atrocités dont auraient été victimes "un grand nombre de civils", dont des femmes et des enfants, dans la ville d’Alep. "Les Nations unies soulignent l’obligation pour toutes les parties sur le terrain de protéger les civils en se conformant aux règles humanitaires internationales", a insisté Stéphane Dujarric, en soulignant que "c’est en particulier la responsabilité du gouvernement syrien et de ses alliés", notamment la Russie et l’Iran.
Les insurgés d’Alep ont commencé à céder du terrain quand l’armée, soutenue par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais, a lancé une campagne foudroyante, le 15 novembre, pour reprendre la partie orientale qui lui échappait depuis juillet 2012. Lundi, ils ont perdu les quartiers de Cheikh Saïd et de Salhine puis se sont retirés de six autres quartiers, dont celui de Boustane al-Qasr, l’un des plus fortifiés, d’après l’OSDH. Plus de 10 000 civils supplémentaires ont fui les zones rebelles ces 24 dernières heures pour rejoindre des secteurs gouvernementaux, portant à 130 000 de nombre des habitants ayant fui l’offensive, a ajouté l’ONG. En quatre semaines, l’opération militaire a coûté la vie à plus de 415 civils à Alep-Est selon l’OSDH, tandis que 130 civils ont été tués par des tirs rebelles dans l’ouest de la ville. Les efforts diplomatiques pour mettre fin au carnage à Alep, comme dans le reste du pays, n’ont jamais porté leurs fruits et les derniers pourparlers américano-russes ont échoué.
Avec AFP
