Syrie : le rapport de peu de la Ligue arabe

Violences . L’organisation examinait hier au Caire le premier compte rendu de ses observateurs, qui renvoie dos à dos autorités et opposants.

Mission impossible, la suite ? Bien que très controversée et impuissante à mettre un terme au bain de sang, la mission de la Ligue arabe en Syrie devrait se poursuivre. Ainsi en ont décidé les membres de l’organisation, réunis hier au Caire pour examiner le premier rapport présenté par le chef des observateurs, Moustapha al-Dabi.

Envoyé en Syrie le 26 décembre, ce général soudanais était chargé d’évaluer la situation et de faciliter la fin des violences qui ont fait plus de 5 000 morts depuis mars. Or, non seulement les violences ont continué pendant la durée de la mission, mais la Ligue, dans son rapport, renvoie dos à dos le régime de Bachar al-Assad et la contestation réprimée dans le sang.

Les observateurs ont vu des cadavres dans les rues ? Le rapport se contente de rapporter les accusations réciproques de l’opposition et du gouvernement. «C’est la première fois que la Ligue arabe organise une telle mission. Et elle vient juste de commencer, donc je n’ai pas eu le temps de me faire mon opinion», s’est justifié le général Al-Dabi, qui affirme que les observateurs ont été «harcelés» par chacun des deux camps. Selon Amnesty International, plus de 134 civils ont été tués pendant le séjour en Syrie de cette première délégation. La veille de son arrivée, une bombe explosait mystérieusement à Damas, attentat aussitôt attribué à «des terroristes» par le pouvoir.

Aujourd’hui, 163 observateurs se trouvent en Syrie, et une nouvelle délégation vient d’arriver de Jordanie. Pourtant, l’efficacité de cette mission est contestée au sein même de la Ligue arabe : par le président de son comité ministériel, le cheikh Hamad ben Jassem, Premier ministre du Qatar qui a demandé l’aide des experts des Nations unies pour former les observateurs, estimant qu’ils avaient failli sur certains aspects de leur mission. L’opposition syrienne, elle, réclame que l’ONU remplace dans cette médiation la Ligue arabe, jugée «trop molle» et manipulée par le pouvoir.

S’ils avaient accepté de passer le flambeau à l’ONU, les pays arabes auraient peut-être fragilisé le soutien de la Russie à Damas, affirment certains experts. Mais Moscou, qui s’oppose à toute résolution au Conseil de sécurité, vient d’envoyer en Syrie une importante aide militaire navale et aérienne.

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