Sommet Amériques: soutien majoritaire aux frappes en Syrie, division sur le Venezuela

Une majorité des 33 pays du Sommet des Amériques ont soutenu les frappes occidentales en Syrie mais ils se sont divisés sur le Venezuela, la moitié du groupe, Etats-Unis en tête, avertissant qu’elle considèrerait la présidentielle vénézuélienne de mai comme « illégitime » sans participation de l’opposition.

En ciblant durant la nuit de vendredi à samedi le régime de Bachar al-Assad qu’ils accusent d’une attaque chimique le 7 avril, les Etats-Unis ont envoyé "un message clair au régime syrien", a défendu le vice-président américain Mike Pence lors de la session plénière du Sommet.

"Nous n’accepterons pas ces attaques barbares, ni maintenant, ni jamais", a-t-il martelé face aux responsables réunis à Lima, dont une quinzaine de chefs d’Etat. Il a dénoncé les "crimes d’un monstre" et appelé les pays de ce qu’il considère comme "l’hémisphère de la liberté" à soutenir les frappes menées par les Américains, les Britanniques et les Français.

Représentant Donald Trump, qui a renoncé au voyage pour se consacrer à la crise syrienne, Mike Pence a multiplié samedi les entretiens bilatéraux avec les dirigeants du continent, où ces attaques menées conjointement avec la France et le Royaume-Uni ne font pas l’unanimité.

Traditionnellement critiques envers Washington, la Bolivie, Cuba et le Venezuela se sont montrés les plus virulents. Le président bolivien Evo Morales a dénoncé "l’attaque irréfléchie de Trump contre le peuple frère de Syrie". Cuba a estimé que cette "attaque atroce" "constitue une violation d’un Etat souverain, qui aggrave le conflit". Et Caracas a fustigé une attaque "impitoyable et injustifiée".

Mais les responsables d’autres pays de la région ont surtout appelé à la prudence, comme le président brésilien Michel Temer qui a exprimé sa "profonde préoccupation face à l’escalade du conflit militaire en Syrie".

Son homologue mexicain Enrique Peña Nieto a dénoncé les attaques chimiques, demandant la fin du recours à "ces instruments aux conséquences si cruelles" "à travers le droit international". "Nous soutiendrons toujours les actions pour punir son usage et chercher son éradication, mais nous lançons aussi un appel à la paix", a dit le président colombien Juan Manuel Santos.

Washington veut isoler le Venezuela

Mike Pence a également mené la charge contre le Venezuela, en pleine crise politique, économique et humanitaire, qu’il a qualifié d’"Etat essentiellement défaillant", répétant que les Etats-Unis ne resteraient "pas sans rien faire face à un Venezuela qui s’effondre".

Le conclave régional a déclaré le président Nicolas Maduro persona non grata mais n’a pu se mettre d’accord sur une déclaration commune, le groupe incluant des pays alliés du Venezuela comme Cuba et la Bolivie.

"Ils voulaient nous exclure du sommet et ce qu’ils ont obtenu est un échec. Ce fut un échec total", a réagi Nicolas Maduro dans un discours à Caracas devant quelques-uns de ses partisans.

Les Etats-Unis et les 16 pays du groupe de Lima, dont la Colombie, le Brésil, l’Argentine et le Chili, ont exigé, dans une déclaration commune, une élection présidentielle "avec des garanties nécessaires pour un processus libre, juste, transparent et démocratique, sans prisonniers politiques". L’élection devra, selon eux, "inclure la participation de tous les acteurs politiques vénézuéliens", dont l’opposition au président Nicolas Maduro. Des élections "qui ne remplissent pas ces conditions manqueront de légitimité et de crédibilité", selon la déclaration.

Washington cherche à établir "des sanctions supplémentaires, davantage d’isolement et de pression diplomatique" contre Caracas, afin de faire "reconnaître que le Venezuela est une dictature", a déclaré M. Pence, qui a transmis le soutien de Donald Trump à un groupe d’opposants vénézuéliens à Lima.

M. Pence a annoncé une aide humanitaire supplémentaire américaine de 16 millions de dollars, destinée aux Vénézuéliens – plusieurs centaines de milliers – qui ont fui vers d’autres pays d’Amérique latine. "5.000 Vénézuéliens fuient chaque jour leur pays dans le plus important exode de notre hémisphère", a-t-il affirmé, ajoutant que "neuf Vénézuéliens sur dix sont désormais pauvres".

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