SNCF : la grève se poursuit alors que la réforme arrive à l’Assemblée
Le mouvement de grève lancé par les syndicats de cheminots au début du mois d’avril reste très suivi. Les députés vont commencer l’étude de la réforme.
Par conséquent, le trafic reste toujours « très perturbé », mais moins que la semaine dernière. Un TGV sur cinq, un Transilien et un TER sur trois et un Intercités sur six doivent rouler. Mercredi, les perturbations avaient vidé certaines gares, mais aussi donné lieu à des scènes de cohue dans d’autres. « Le train n’avait pas de retard, c’est juste qu’il était blindé, plein ! » s’agace Nathalie, arrivée lundi matin à la gare Montparnasse, depuis Saint-Cyr-l’École (Yvelines). Elle dit n’avoir « aucune » sympathie pour la grève qui l’« enquiquine ». Nadim dit, lui, « comprendre les revendications des cheminots grévistes ». Aura-t-il un train pour Trappes ? « On va bien voir », répond-il avec flegme.
Cette quatrième journée de grève tombe, ce lundi, en même temps que l’arrivée du projet de « nouveau pacte ferroviaire » à l’Assemblée nationale, en première lecture. Après son passage en commission, l’examen en séance plénière doit débuter à 16 heures. CGT-Cheminots et SUD-Rail, qui appellent à un rassemblement en début d’après-midi aux abords du Palais-Bourbon, ont de nombreux relais parmi les députés de gauche, dont la plupart soutiennent la cause des cheminots. Communistes et Insoumis, en première ligne, ont déposé de nombreux amendements pour le maintien du statut pour les nouveaux embauchés.
Un mouvement qui pourrait se prolonger cet été
Outre la fin des recrutements au statut, grévistes et partis de gauche déplorent la volonté du gouvernement de transformer la SNCF en société anonyme à capitaux publics et d’ouvrir le secteur ferroviaire à la concurrence. Les opposants à la réforme accusent le gouvernement de vouloir, à terme, privatiser la SNCF. « Fantasme », leur répond la ministre des Transports Élisabeth Borne. Une cagnotte de soutien aux grévistes, lancée par une trentaine d’intellectuels de gauche, avait dépassé lundi matin la barre des 500 000 euros collectés. Dimanche soir, pour la première fois depuis le début du conflit, un représentant du gouvernement, Christophe Castaner (Relations avec le Parlement), et un leader des grévistes, Laurent Brun (CGT-Cheminots), ont débattu publiquement, sur le plateau de LCI, comme le réclamait la CGT. Résultat : un dialogue de sourds, chacun accusant l’autre de rester sur des « postures dogmatiques ».
Face à cette situation bloquée, le président Emmanuel Macron va entrer dans l’arène jeudi, lors d’un entretien d’une heure au journal de 13 heures de TF1. Le gouvernement ira « jusqu’au bout » de sa réforme, a de nouveau assuré Édouard Philippe dimanche, estimant que les grandes lignes de la réforme n’étaient « pas négociables » et que la discussion n’était possible que sur ses « modalités ». Pour l’heure, la concertation lancée par l’exécutif est qualifiée de « mascarade » par les syndicats qui sont sortis furieux de la dernière réunion vendredi, estimant qu’aucune négociation véritable n’était possible. Pour le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy (LREM), c’est au contraire la CGT « qui a toujours refusé de négocier ».
La SNCF restera « à 100 % publique », selon Guillaume Pepy
Laurent Brun n’exclut pas de prolonger le mouvement « au-delà du mois de juin ». La ministre Élisabeth Borne estime pourtant avoir déjà fait des concessions, notamment concernant les cheminots qui changeraient d’employeur en cas de perte d’un marché par la SNCF. Ils conserveraient « la garantie de l’emploi, la retraite, la rémunération… » En principe, la grève devrait se mettre en pause mardi matin, pour reprendre jeudi soir. Mais SUD-Rail plaide toujours pour un mouvement reconductible chaque jour au lieu de la grève deux jours sur cinq décidée par l’intersyndicale. Pour l’heure, la SNCF prévoit un retour à un trafic « quasi normal dans l’après-midi » de mardi.
Invité lundi 9 avril sur le plateau de RMC/BFM TV, le patron de la SNCF Guillaume Pepy a répété sa volonté de mener à bien la réforme de la compagnie ferroviaire. Selon lui, elle mènera à « moins de pannes » et à un service de meilleure qualité. Il a confirmé que la SNCF resterait « à 100 % publique ». « On ne va pas perdre notre âme. […] On appartient à tous les Français », a-t-il déclaré, souhaitant « défendre la culture de service public ». « Je pense d’abord aux clients, ils sont fortement pénalisés », a affirmé Guillaume Pepy, qui a estimé que la grève avait déjà coûté près de 100 millions d’euros à la compagnie.