Septembre noir pour François Hollande à l’avenir de plus en plus sombre
François Hollande savait que la rentrée de septembre serait difficile. Mais entre une impopularité record, sa vie privée étalée dans un livre, le limogeage d’un ministre qui ne payait pas ses impôts et une économie française atone, le chef de l’Etat français est entré dans la période la plus sombre de son mandat.
Selon un baromètre de l’institut TNS-Sofres, réalisé avant la publication du brûlot de son ex-compagne, Valérie Trierweiler, la popularité de François Hollande, à 55% au début de son mandat, est tombée à… 13%. Du jamais vu pour un président français !
"Il peut difficilement descendre plus", juge le politologue Philippe Braud. Et "il va rester président jusqu’en 2017", ce que la Constitution française lui garantit, même si son gouvernement tombe avec une dissolution de l’Assemblée nationale, rappelle-t-il.
Dans l’histoire de la Ve République, un président socialiste (François Mitterrand) a déjà dû cohabiter avec une majorité et un gouvernement de droite.
Philippe Braud ne croit toutefois pas à des élections anticipées. "Ca dépend du comportement de la majorité socialiste". Les députés "indisciplinés" savent que "s’ils renversent le gouvernement de Manuel Valls, il y aura une dissolution" de l’Assemblée nationale qui "serait catastrophique" avec le risque de favoriser l’opposition de droite et l’extrême droite. "Je crois que les députés socialistes reculent devant cette perspective catastrophique", ajoute cet expert.
A l’initiative de l’exécutif, un vote de confiance est prévu le 16 septembre après un discours de politique générale du Premier ministre. Manuel Valls doit ensuite enchaîner avec la préparation du budget pour 2015.
Les socialistes disposent d’une majorité absolue d’une voix, avec 290 députés sur 577. L’aile gauche de cette majorité compte une quarantaine de députés "frondeurs", qui critiquent régulièrement les options prises par l’exécutif.
Le gouvernement "aura" une majorité au Parlement, a affirmé vendredi à l’AFP le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. "L’immense majorité, tant au Parlement qu’au Sénat, soutient l’action du gouvernement", a-t-il assuré, accusant les "réseaux et amis" de Nicolas Sarkozy de miser sur une "crise de régime" pour faire de l’ancien président un recours.
Politique, économie, vie privée…
Depuis août, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées pour François Hollande.
Le premier choc est survenu le 25 août avec une démission du gouvernement ponctuant un week-end marqué par de vives critiques du ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, dénonçant la politique économique de l’exécutif.
Confirmé à son poste, Manuel Valls présente une nouvelle équipe, débarrassée de l’aile gauche du parti socialiste. Mais jeudi, neuf jours plus tard, le nouveau secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, un proche du numéro deux du gouvernement Laurent Fabius (Affaires étrangères), démissionne. Thomas Thévenoud, présenté comme une étoile montante à gauche, a admis des "retards de déclaration et de paiement" au fisc qui rendent impossible son maintien au gouvernement.
Sur le plan économique et social, les chiffres accablent François Hollande: une croissance nulle et un record historique de chômage (plus de 10%). Depuis son élection en mai 2012, plus de 500.000 chômeurs supplémentaires ont été recensés et il n’a pas réussi à inverser la courbe du chômage comme il s’y était engagé.
A la politique et l’économie, s’est ajoutée la vie privée étalée sur la place publique: la parution surprise cette semaine du livre de Valérie Trierweiler, un brûlot-confession, déballage de situations et d’anecdotes embarrassantes pour le chef d’Etat. Un "coup de grâce" pour nombre de médias.
Quelques lignes de cet ouvrage titré "Merci pour le moment" ont déchaîné une tempête de réactions outrées. "Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé: +les sans-dents+ très fier de son trait d’humour", affirme celle dont le chef de l’Etat s’est séparé le 25 janvier.
L’exécutif a lancé une contre-offensive pour discréditer l’ouvrage, présenté comme une grotesque charge. Mais la curiosité semble l’emporter sur la "dignité" réclamée par Manuel Valls: l’ouvrage, tiré à 200.000 exemplaires, était vendredi en rupture de stock dans la très grande majorité des points de vente en France. Et des droits pour une traduction en anglais auraient été achetés par une maison d’édition américaine.