Certains pays du Maghreb traversent de fortes turbulences, d’autres vivent des transitions porteuses d’espoir et de progrès qui vont certainement avoir des répercussions à long terme sur la région. D’un côté, une évolution tranquille vers plus de démocratie et d’ouverture illustrée dans le modèle marocain, de l’autre la lame de fond qui traverse un autre pays du Maghreb et dont l’issue demeure incertaine.
Ces profondes mutations, sur fond de printemps arabe, appellent à un changement de donne et l’imagination collective d’une nouvelle vision géopolitique régionale en vue de la stabilité et la sécurité dans cette partie sud de la Méditerranée. Le paradigme idéologique et géopolitique à la base des rivalités ayant donné naissance à des excroissances est devenu dès lors caduc, souligne un observateur.
Lors des 7èmes pourparlers informels, en juin dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taib Fassi Fihri, a réitéré "la détermination du Maroc à poursuivre son engagement actif avec l’Envoyé personnel de l’ONU, Christopher Ross, pour favoriser une solution politique rapide qui puisse respecter la souveraineté du Royaume et qui permettrait de ce fait, de relancer la construction du Maghreb. Un Maghreb stable, fort et économiquement intégré, à même de surmonter les défis qui l’interpellent, particulièrement dans son voisinage subsaharien".
Et les défis sont là : "avec la Libye, nous sommes en train d’assister au délitement d’une nation. En plus du drame humanitaire, il y a le risque sécuritaire", soulignait récemment un diplomate onusien.
De fait, des milliers de réfugiés, des armes, des mercenaires, en plus de la grande criminalité, circulent librement dans la région subsaharienne menaçant encore davantage l’équilibre déjà fragile d’une zone minée par des guerres et des Etats instables aux frontières poreuses.
Dans une adresse devant la 4ème commission de l’ONU, en octobre dernier, l’ancien représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Erik Jensen, avait prédit le danger en avertissant contre un "Sahélistan aux portes du Maghreb".
Rabat travaille résolument à une solution politique à cette question, et l’a démontré à maintes reprises et tout récemment encore en faisant des propositions concrètes dans le cadre d’approches innovantes pour aider à sortir du statu-quo dans lequel certaines "rivalités provocatrices" ont installé cette question, relève des observateurs.
"Nous voulons donner une chance aux négociations pour progresser en prenant en compte notamment d’autres expériences prouvées dans d’autres négociations et avoir recours à d’autres méthodes pour que cette nouvelle approche", initiée en novembre dernier, puisse "donner ses fruits", soulignait à la presse M. Fassi Fihri, lors d’un précédent round.
Que cela soit au plan des droits de l’Homme, de la gouvernance ou de la représentation des populations, le Maroc a rempli ses obligations, et en a même été salué par la communauté internationale.
Les autres parties sont dès lors appelées à s’inscrire dans cette dynamique, en commençant, d’abord, par appliquer les termes de la résolution 1979, adoptée à l’unanimité en avril dernier par le conseil de sécurité, et de s’abstenir de créer des +leurres+" à l’approche de chaque rendez-vous pour "détourner l’attention de l’opinion internationale et des populations des camps, de +l’essentiel+", soulignent ces observateurs de la question maghrébine.
Et +l’essentiel+, c’est d’abord la mise en oeuvre du recensement, une revendication contenue dans la dernière résolution de l’Organe exécutif de l’ONU et une "obligation juridique". Etre à l’écoute de ces populations, notamment les jeunes, et les laisser s’exprimer librement et choisir leur voie, voilà un des devoirs de l’Algérie et du polisario.
Car à l’intérieur des camps, l’impatience et grandissante et des voix commencent à s’élever. Celle de Khat Achahid qui conteste toute représentativité à la direction "corrompue", mais surtout celles des jeunes générations, nées et embrigadées dans les camps, sans perspectives d’avenir.
Une autre obligation pour l’Algérie serait d’évaluer les dangers de la non-intégration maghrébine, notamment en cette période de turbulence et de mesurer à leur juste valeur les retombées du printemps arabe.