Sahara, l’irréversible reconnaissance américaine

Il l’exprima avec la froideur des diplomates américains, empreinte de réalisme et de détermination. Mais elle fit l’effet d’une bombe  dans le ciel algérien. Il s’agit de la position américaine présente et future à l’égard du Sahara marocain. Les mots pour le dire ont été d’une grande limpidité :  « Pour les Etats Unis, seules des négociations politiques entre le Maroc et le « Polisario » dans le cadre du plan marocain d’autonomie sont en mesure de trouver un règlement » à la question du Sahara.

L’orateur n’est pas un fonctionnaire anonyme de l’appareil diplomatique américain dont on oublie le nom et la fonction sitôt sorti du radar de l’actualité.  Il n’est pas non plus un de ces lobbyistes qui travaillent dans les  couloirs du pouvoir américain sur la communication et les intrigues  par définition éphémères. Il s’agit du Sous-secrétaire d’Etat américain en charge des questions du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord au département d’Etat, David Schenker, un pur produit de ce que la presse américaine appelle le « deep state », un des puissants faiseurs de stratégie américaine dans le monde et concepteur de son influence. Beaucoup plus puissant que le ministre des affaires étranges en titre, le Secrétaire d’Etat Mike Pompéo, venu de la galaxie du renseignement , souvent acculé à une fonction de représentation et de déclamation diplomatique.

David Schenker est important dans l’appareil diplomatique américain. C’est à lui que revient la gestion politique d’un des plus brûlants dossiers de l’actualité diplomatique américaine, la crise iranienne et ses prolongements régionaux. Quand il pose pied au Liban, comme il le fait régulièrement pour exercer une pression maximale sur le Hezbollah libanais, l’ensemble de la classe politique du pays de cèdre scrute la moindre de ses déclarations ou de ses rencontres.

Ce à quoi il s’est livré à Alger devant les caméras de la propagande algérienne n’était ni plus ni moins qu’un exercice de clarification pour tuer dans l’oeuf toutes les chimères et les fausses espérances entretenus par ceux, encore incrédules que le Maroc ait pu réaliser cette belle performance de convaincre la plus grande puissance du monde de ses droits incontestables sur son Sahara.

L’Amérique a reconnu la marocanité du Sahara et n’entend nullement revenir sur sa décision quelle que soit l’équipe dirigeante à la Maison Blanche. Tel était le message coup de poing que David Schenker a délivré aux autorités algériennes encore abasourdies par le bel ouvrage diplomatique marocain.

Les médias algériens, enfermés dans leurs propagandes et leurs illusions, ont été estomaqués à un point ou même ceux qui lisent les dépêches de l’agence officielle n’en reviennent pas de son contenu et n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles.

Il faut dire que depuis le tournant historique de la reconnaissance américaine, la religion officielle en Algérie était d’entretenir le doute et d’évoquer de manière mal intentionnée les possibilités que le futur maître de la Maison Blanche, Joe Biden, puisse revenir sur l’ensemble des décisions diplomatiques prises par l’équipe de Donald Trump.

Non seulement cette hypothèse n’est nullement envisageable comme vient de le trancher avec sa délicatesse habituelle David Shenker, mais à ceux qui entretiennent encore ce doute, ces interrogations sont inévitables.

Pour quelle raison l’administration Biden ferait marche arrière sur question ? Sans doute pour plaire aux séparatistes du Polisario qui non seulement reçoivent aides, formations et soutiens du Hezbollah libanais épaulé par l’Iran, un des cauchemars de la Maison Blanche . Ou pour aider un mouvement insurrectionnel en totale connivence avec les groupes armés de la région du Sahel qui menacent ouvertement la sécurité et la stabilité de la région si indispensables à la prospérité économique des pays concernés. Ou encore pour plaire aux autorités d’un pays, l’Algérie, au régime ouvertement corrompu et en faillite, qui par sa mauvaise gouvernance et sa pyromanie menace de mettre le feu dans l’ensemble de la région.

Toutes ces raison rendent la décision américaine irréversible et mettent davantage la pression sur le leadership algérien pour sortir de ses contradictions et mettre à jour le logiciel avec lequel il compte établir des relations de bon voisinage avec le Maroc. David Schenker a les composantes de la solution : qu’Alger discute avec Rabat du devenir du Polisario dans le cadre du plan d’autonomie proposé par le Maroc. Ce qui équivaut à demander aux autorités algériennes d’abandonner leurs fantasmes de couper le royaume du Maroc de ses racines et sa profondeur africaine.

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