Robert Ménard rend hommage à un partisan de l’Algérie française
En France, sous les acclamations de partisans de l’Algérie française et les huées de ses opposants, le maire de Béziers Robert Ménard, proche du FN, a officiellement donné samedi à une rue le nom d’Hélie Denoix de Saint-Marc, un militaire, résistant, qui avait pris part au putsch des généraux.
"Non, je ne veux plus que nous soyons dans la repentance, je veux dire notre vérité à ceux qui armaient le bras des assassins des harkis, aux bourreaux qui nourrissent encore une haine de la France", a déclaré le maire de Béziers. "Alors qu’on obligeait un million de Français à quitter leur Algérie natale, on ouvrait la France, quasi simultanément, à des millions d’immigrés bien décidés pour certains à ne jamais se sentir, à ne jamais devenir des Français à part entière", a poursuivi le maire de Béziers.
"Il y a 50 ans (…), nous tapions sur des casseroles en scandant Algérie française. Il faudrait aujourd’hui, avec la même ardeur, dire non à cette France métissée qu’on nous promet (…) mais dire oui à une France fière d’elle-même, de son histoire, de ses racines judéo-chrétiennes", a-t-il ajouté. "Pour nos frères musulmans, il ne faut pas occulter la réalité de notre histoire, Hélie de Saint-Marc était de ceux qui pouvaient mourir pour des idées, pour eux", a encore déclaré M. Ménard, qui a achevé son discours sous les acclamations de ses partisans, qui scandaient "Algérie française". Ils ont ensuite entonné "Le Chant des Africains", un chant repris pendant la guerre d’Algérie par les Pieds-noirs et les partisans de l’Algérie française.
"Merci d’être là, d’être venu honorer la mémoire d’un grand soldat", a déclaré Blandine Denoix de Saint-Marc, la fille cadette de l’officier supérieur. Le changement de nom de cette rue proche du quartier de la Devèze, celui où Robert Ménard, né à Oran, s’était installé avec ses parents à son arrivée à Béziers, avait été annoncé en décembre 2014.
Né à Bordeaux en 1922 et mort à La Garde Adhémar (Drôme) en 2013, Hélie Denoix de Saint-Marc avait été résistant et déporté à Buchenwald. En avril 1961, il avait fait le choix de l’Algérie française et avait participé au putsch des généraux à la tête du 1er REP (Régiment étranger de parachutistes). L’opération échouera et il sera condamné à 10 ans de réclusion. Il effectuera cinq ans de prison avant d’être gracié par le général De Gaulle. Réhabilité en 1978, il publie en 1995 une autobiographie et multiplie les conférences. Il avait été élevé en novembre 2011 au rang de Grand Croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy.
L’initiative de Robert Ménard a suscité samedi la réprobation du Premier ministre Manuel Valls, qui a jugé en visite en Bretagne que "la nostalgie, et notamment la nostalgie de l’Algérie française, n’apportera(it) rien de bon". "Aujourd’hui, on a besoin de regarder l’avenir avec de l’optimisme et le Front national n’aime pas la France", a ajouté le Premier ministre.
Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a estimé qu’"avec Denoix de Saint-Marc, Ménard et FN montraient leur visage: réécrire l’Histoire, mépriser la mémoire et s’en prendre à la République". Depuis son élection à la mairie de Béziers en mars 2014, Robert Ménard, ex-président de Reporters sans Frontières, a été à l’origine de nombreuses polémiques, de l’installation d’une crèche de Noël à la mairie à une campagne d’affichage faisant d’un énorme pistolet le "nouvel ami" de la police municipale de sa ville.