Retraites: Macron devrait rester ferme sur sa réforme malgré un conflit qui se prolonge

Emmanuel Macron devrait, sauf surprise, défendre mardi soir lors de ses voeux son projet de système de retraite universel, alors que la grève entre dans son 27e jour et que les questions se multiplient sur une réforme contestée et toujours mal comprise.

A la veille du Nouvel An, le conflit semble toujours sans issue, alors que la concertation entre Edouard Philippe et les syndicats ne reprendra que le 7 janvier.

Le trafic restait très perturbé à la SNCF et à la RATP, avec seulement la moitié des TGV et TER, un Intercités sur cinq et un quart des Transilien, tandis qu’à Paris deux lignes de métro fonctionnaient normalement, deux étaient fermées et 12 autres ne fonctionnaient que partiellement.

Pour le week-end prochain, au retour des vacances de Noël, la SNCF a indiqué qu’elle comptait faire rouler 2 TGV sur 3. L’entreprise a par ailleurs annoncé pour mardi un taux de grévistes de 7,7% et plus d’un tiers chez les conducteurs.

La RATP a elle révisé en baisse ses prévisions de la veille: seuls 60% des autobus circulaient mardi dans la capitale, contre trois sur quatre attendus.

Côté raffineries, la Fédération CGT de la Chimie a appelé à un blocage de toutes les installations pétrolières – raffineries, terminaux pétroliers, dépôts – pendant 96 heures, du 7 au 10 janvier, a indiqué mardi à l’AFP Thierry Defresne, délégué syndical central chez Total.

"Ce gouvernement n’entend rien, il faut mettre davantage de pression", a-t-il expliqué, tout en précisant qu’il s’agit de bloquer la sortie des produits pétroliers et non d’arrêter la production à ce stade.

L’allocution du chef de l’Etat suscite de fortes attentes des syndicats comme de l’opposition qui espèrent clarifications ou concessions alors que le mouvement reste soutenu par une majorité de Français (51%).

Mais ils pourraient bien être déçus: Emmanuel Macron, en retrait depuis des semaines, paraît décidé à laisser Edouard Philippe en première ligne, tout en tenant bon sur les principes du projet le plus ambitieux de son quinquennat.

Lors de sa courte allocution enregistrée, il devrait réaffirmer son "ambition forte" pour une réforme des retraites qui "corrige de nombreuses inégalités", a affirmé l’Elysée lundi à l’AFP.

Il devrait aussi se "redire ouvert au dialogue" mais "sans entrer dans le détail". Pas question apparemment de modifier ou moduler l’âge-pivot, une mesure qui a fait basculer la CFDT dans le camp des opposants.

Dans une tribune publiée dans Libération, une quinzaine de députés principalement de l’aile gauche de LREM réclament justement une "alternative à l’âge pivot", jugé "injuste socialement", pour tenir compte "de l’ensemble des situations particulières".

Plus globalement, le président de la République devrait rappeler sa volonté de poursuivre les réformes en "invitant les Français à résister à la tentation de l’immobilisme", tout en appelant à "l’apaisement, pas l’affrontement".

– Concessions discrètes –

Reste que durant le week-end, le gouvernement et la CGT ont continué leurs joutes verbales: le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a accusé le syndicat de pratiquer un syndicalisme "de blocage", voire "d’intimidation" envers les non-grévistes, le numéro un de la CGT Philippe Martinez accusant lui le gouvernement d’organiser "le bordel" et de jouer "le pourrissement" du conflit.

Et depuis la présentation du projet de réforme par Jean-Paul Delevoye cet été, les questions se multiplient sur une réforme dont l’impact pour chacun est incertain, faute de connaître comment sera fixée la valeur du point qui régentera le futur système.

Entre les simulateurs succincts et optimistes du gouvernement et ceux de la gauche qui prédisent de nombreux perdants ou un boulevard ouvert aux fonds de pension, difficile d’y voir clair.

Autre source d’interrogations: les concessions accordées ces derniers jours à une dizaine de catégories, allant des policiers aux pilotes de ligne en passant par les marins et les danseurs de l’opéra qui conserveront pour longtemps des régimes spéciaux. De quoi faire dire à la droite que la réforme, vidée de son contenu, redevient catégorielle.

Le gouvernement, qui veut négocier sur la pénibilité, admet lui-même désormais la nécessité de prendre en compte les cas individuels.

"Il y a eu des avancées très claires le 19 décembre, montrant que le système universel peut être dans une certaine mesure individualisé. C’est notamment le cas pour la prise en compte de la pénibilité ou le départ en retraite progressif. C’est de tout cela qu’on discutera en janvier. Le gouvernement a bien compris qu’on reprochait au système de points d’être trop mécanique", résume un conseiller ministériel.

La grève dans les transports pourrait se poursuivre jusqu’à la reprise des négociations. En ce cas, elle atteindra le 2 janvier, avec 29 jours, le record de la plus longue grève à la SNCF depuis 30 ans.

L’an dernier à la même époque, Emmanuel Macron avait déjà dû faire face à la colère sociale avec les "gilets jaunes". Il avait alors lâché 10 milliards d’euros d’aides et renoncé à la taxe contestée sur le carburant.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite