EELV réclame samedi une « enquête approfondie » et « indépendante » après la grave pollution fluviale causée par la rupture d’une digue de l’usine Tereos de Thun-Saint-Martin (Nord), souhaitant « faire la lumière sur les circonstances » de l’incident, ses conséquences, et une possible « négligence » du groupe sucrier.
Le 9 avril, suite à la rupture d’une digue qui retenait les eaux de lavage de betteraves, quelque 100.000 m3 de liquide noirâtre -essentiellement des matières organiques- s’étaient déversés dans la nature, rejoignant notamment l’Escaut, qui traverse la France, la Belgique et les Pays-Bas.
En consommant l’oxygène présente dans l’eau, ces matières organiques « asphyxient les organismes vivant à proximité », selon l’Office français de la biodiversité. Qualifiant cette pollution de « catastrophe environnementale », la Belgique a estimé à des dizaines de milliers de tonnes la quantité de poissons morts.
Le groupe sucrier a lui estimé qu’il était « trop tôt pour établir de quelconques liens de causalité » entre la rupture du bassin et la pollution fluviale constatée.
« Nous pouvons hélas craindre une atteinte bien plus grave et plus durable sur les milieux naturels et les écosystèmes à long terme (…) Cet incident est loin d’être banal et il doit être considéré comme le plus gros incident écologique depuis 20 ans », juge Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dans un communiqué publié samedi.
« Il nous semble primordial que la lumière soit faite sur les circonstances de cet incident », poursuit le parti écologiste, enjoignant les élus locaux, maires, conseillers généraux et régionaux « à se saisir des tribunaux afin qu’une enquête approfondie soit menée et qu’ils aient accès aux éléments de celle-ci ».
« L’enquête doit se baser sur des analyses indépendantes. A ce titre, les seuls relevés de l’usine Tereos nous semblent insuffisants », plaide-t-il.
Cette enquête « devra se demander s’il y a eu ou non négligence » du groupe Tereos. « Sachant qu’un problème du même type s’était produit en février – de l’eau lagunée s’était déversée dans un cours d’eau rejoignant le canal de l’Escaut – il aurait sans doute pu alerter davantage sur l’état général des bassins de décantation », juge-t-il encore, regrettant aussi « qu’aucune alerte n’ait été lancée (par l’usine) au moment des faits ».
Le parquet de Cambrai a de son côté ouvert une enquête judiciaire pour déterminer précisément les conséquences de la rupture de la digue.