Pas de solution berlinoise à la crise libyenne !

« Il n’y a pas de solution berlinoise à un problème d’Afrique du Nord ». C’est avec cette punchline que le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a clos hier sa conférence de presse tenue à Rabat, en présence d’un des plus importants acteurs de la crise libyenne, Aquila Saleh. Elle intervient au lendemain de la conférence de Berlin 2 sur la crise libyenne où il était question de chercher une solution à travers la tentative d’établissement d’un consensus national et international.

Avec la conférence de Berlin 1 du 19 janvier 2020 et celle  Berlin 2 du 23 juin 2021, le Maroc entretient une histoire révélatrice d’une tension avec le  pays hôte l’Allemagne. Au cours de la première version de cette conférence, alors que le Maroc s’était imposé sur le plan régional comme la seule puissance dynamique dans le processus de réconciliation libyenne à travers les multiples rencontres du processus de Bouznika, il fut exclu de cette rencontre internationale sur la Libye alors que non seulement il aurait dû être aux premières loges mais aussi un des principaux animateurs de la réconciliation libyenne .

En procédant ainsi, la diplomatie allemande avait fait preuve d’une sourde animosité à l’égard du Royaume en dénigrant son rôle positif dans la réconciliation libyenne. Cette exclusion avait pris une toute autre ampleur lorsque après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara, le seul pays qui a demandé une réunion du conseil de sécurité pour tenter d’invalide cette décision historique fut l’Allemagne.

Ainsi est apparu au grand  jour le visage d’une Allemagne dont la préoccupation principale est de porter atteinte aux intérêts du Maroc, servant volontairement un agenda régional subversif.

Lorsque la diplomatie marocaine a dénoncé publiquement cette duplicité, Berlin avait tenté quelques contorsions pour tenter d’apaiser l’ire marocaine. Parmi ces récents signaux, l’invitation adressée au Maroc pour assister à la conférence Berlin 2. Le Maroc, refusant des lots de consolation et en l’absence d’une clarification de la position allemande sur le Sahara, a refusé d’y prendre part, et ce  même lorsque les autorités allemandes avaient sous-traité cette invitation aux Américains .

Même en étant absent physiquement de cette conférence sur la Libye, le Maroc a tenu à préciser le cadre de son intervention réconciliatrice sur le théâtre libyen. Sa conviction est qu’il n’y a pas de recette étrangère toute prête pour régler la crise libyenne et que la seule solution viable doit venir des Libyen eux mêmes. C’est ce que  le Maroc s’acharne à réaliser à travers d’incessantes médiations entre les différentes protagonistes de la crise libyenne .

Après cette rencontre internationale, la Maroc a tenu à préciser sa vision à travers cette déclaration choc de son ministre des Affaires étrangères M. Nasser Bourita: « Il n’y a pas de solution berlinoise à un problème d’Afrique du Nord. L’Afrique du Nord à son propre contexte et à sa propre dynamique. Le Maroc connaît ces dynamiques et c’est pour cela  sa contribution est d’abord celle d’accompagner les libyens dans la recherche de solutions. »

Et pour cause, la conférence de Berlin 2 n’a pas abouti à des résultats concrets. Au delà des proclamations d’intention sur la nécessité de faire sortir les mercenaires et les armées étrangères de la Libye pour pour faciliter l’unification des institutions libyennes et l’organisation des élections prévues par les Nations Unies le 24 décembre prochain, il n’y a pas de mécanismes contraignants pour les acteurs internationaux de cette crise. Ni la Russie ni la Turquie ne sont engagés à un agenda précis dans le temps et les modalités pour récupérer leurs mercenaires qui alimentent les guerres intestines et les divisions.

Les récentes évolutions de cette  crise libyenne ont été aussi l’occasion de faire émerger la distinction entre deux approches totalement contradictoires des pays du Maghreb. L’Algérie par la voix de son président Abdelmadjid Tebboune avait menacé d’intervenir militairement à Tripoli pour l’empêcher de tomber entre les mains du chef de l’armée libyenne autoproclamé du général Khalifa Haftar, soutenu par les russes, eux mêmes alliés historiques du régime algérien.

Au delà de l’aberrante logique géopolitique de cette vision, l’Algérie perçoit la Libye comme un théâtre d’intervention militaire, alors  que le Maroc, fidèle à sa tradition de puissance de paix, a fait le choix de la réconciliation et du consensus libyen pour sorti de la crise. L’ Algérie apparaît comme un pays de la déstabilisation et de la division  tandis que le Maroc prône la pacification et l’unité libyenne qui doivent être l’œuvre exclusive des acteurs et de citoyens libyens.

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