Paris suffoque sous le pic de pollution le plus intense en dix ans

La capitale française suffoque sous un intense épisode de pollution atmosphérique hivernal, le pire depuis dix ans, qui a contraint les autorités à imposer la circulation alternée aux automobilistes, un dispositif exceptionnel à l’efficacité contestée.

Migraines, picotement des yeux, élèves interdits d’activité de plein air… La capitale et sa région subissent le pic de pollution hivernal le plus intense et le plus long depuis au moins une décennie, selon l’organisme parisien de surveillance de la qualité de l’air.

"Ca brûle un peu la gorge", souffle Ryan Pleva, un Américain de 32 ans, en reposant son vélo à une borne automatique du centre de Paris. "Ce n’est pas le meilleur moment pour faire du sport, c’est clair", renchérit David Ettinger, enseignant de 42 ans, mais "entre la marche et le rythme auquel je circule à vélo dans Paris, il n’y a pas grande différence", juge-t-il.

Ce pic est dû à une recrudescence d’émissions de particules, liées surtout au chauffage au bois et au trafic automobile, conjuguée à la prolongation de conditions météo favorables à leur maintien près du sol (peu de vent, contraste de températures), a expliqué cet organisme, Airparif.

Le seuil d’alerte pour la pollution aux particules, à partir de 80 microgrammes/m3 de particules fines dans l’air, est dépassé depuis une semaine dans l’agglomération parisienne et devrait se prolonger jeudi. Son niveau était de 91 mercredi, après un maximum à 146 jeudi dernier, selon Airparif.

Le pic de pollution touche aussi d’autres régions, notamment la vallée du Rhône et la capitale régionale de Lyon (centre-est).

Pour le deuxième jour consécutif, les autorités ont imposé mercredi la circulation alternée à Paris, un dispositif exceptionnel utilisé seulement quatre fois en vingt ans dans la capitale.

Depuis 05H30 et jusqu’à minuit (04H30 à 11H00 GMT), seuls les véhicules dont le numéro sur la plaque d’immatriculation est impair peuvent circuler, ainsi que ceux qui pratiquent le covoiturage ou bénéficient d’une dérogation.

Comme mardi, les transports publics sont gratuits, tout comme le stationnement résidentiel ou les services de vélo et de voiture en accès libre. En dépit de ces mesures, la circulation alternée a provoqué des embouteillages massifs mardi aux abords de la capitale. En cause notamment : une panne sur la ligne entre Paris et l’aéroport de Roissy, la deuxième ligne ferroviaire la plus fréquentée d’Europe avec près de 900.000 voyageurs par jour. Le trafic devrait reprendre mercredi en fin d’après-midi.

L’efficacité de la circulation alternée est contestée par un rapport parlementaire qui souligne que ce dispositif "ne cible pas les véhicules les plus polluants". Un nouveau dispositif, basé sur un système de vignettes anti-pollution, doit le remplacer début 2017. Il est déjà en test dans certaines villes en France.

Mercredi le candidat écologiste à l’élection présidentielle Yannick Jadot a plaidé pour des mesures centrées sur les véhicules les plus polluants et le diesel, qui domine le parc automobile en France. Il a critiqué les responsables politiques qui "dès qu’ils sont confrontés à arbitrer entre la circulation, le diesel ou notre santé, malheureusement n’arbitrent pas pour notre santé".

La pollution frappe aussi de plein fouet d’autres capitales, comme Pékin, Téhéran, New Delhi… Le mois dernier, la capitale indienne, la plus polluée au monde, a vécu un épisode extrême au point que des habitants se sont réveillés avec de la fumée chez eux.

Les particules fines sont particulièrement nocives pour la santé. Elles peuvent générer des cancers, de l’asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardio-vasculaires. Le dioxyde d’azote NO2, que rejettent surtout les moteurs diesel, favorise, lui, l’asthme, voire les affections pulmonaires chez l’enfant.

Avec AFP

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