"Malheureusement, on déplore le bilan suivant: 71 militaires tués, 12 blessés, des portés disparus, et un nombre important de terroristes neutralisés", selon un communiqué du ministère de la Défense, lu à la télévision nationale.
"Les combats", qui ont duré trois heures, ont été "d’une rare violence combinant des tirs d’artillerie et l’emploi de véhicules kamikaze par l’ennemi", a ajouté le ministère, estimant le nombre de "terroristes lourdement armés" à "plusieurs centaines".
Un précédent bilan de source sécuritaire faisait état de plus de 60 morts, précisant que "les terroristes ont pilonné le camp à l’aide d’obus", et que beaucoup de victimes étaient décédées dans des explosions de dépôts de munitions et de carburant.
L’ampleur inédite des pertes subies a été ressentie jusqu’au sommet de l’Etat, alors que le président français Emmanuel Macron doit accueillir samedi ses homologues du Sahel pour "reclarifier le cadre et les conditions politiques" de l’intervention militaire française dans la région.
"Le président de la République, chef suprême des armées, Issoufou Mahamadou, a interrompu sa participation à la Conférence sur la paix durable, la sécurité et le développement en Afrique qui se tient en Égypte, pour rentrer à Niamey suite au drame survenu à #Inates", a indiqué la présidence sur twitter.
Il présidera jeudi une réunion du Conseil national de sécurité, a-t-elle ajouté.
Cette attaque est la plus meurtrière depuis le début de l’offensive jihadiste au Niger, en 2015. Au-delà de ce pays, c’est tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, qui est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes armés, en dépit de la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane.
Le Mali a notamment été frappé par un automne sanglant, lors duquel plus de 140 soldats ont été tués, provoquant un véritable traumatisme.
Le Burkina avait perdu 24 militaires en août, dans un assaut contre la base de Koutougou, également près de la frontière malienne.
Inates se situe au coeur d’une région en proie à la contrebande et aux trafics. La base militaire y avait déjà été ciblée le 1er juillet quand 18 soldats nigériens y avaient perdu la vie, dans une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique.
Mardi, le conseil des ministres nigériens avait prorogé pour une période de trois mois l’état d’urgence décrété depuis 2017 dans plusieurs départements pour lutter contre les attaques jihadistes.
Sommet en France
Cette mesure accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité sur les théâtres des opérations, dont celui d’ordonner des perquisitions de nuit comme de jour dans un domicile. En outre, elle limite les déplacements dans les espaces concernés.
Depuis octobre, il est aussi formellement interdit aux organisations humanitaires de se rendre dans certaines zones sans escorte militaire.
Cette attaque survient alors que le président français Emmanuel Macron a invité les présidents du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie à le retrouver le 16 décembre à Pau, dans le sud-ouest de la France.
C’est dans cette ville qu’étaient basés la majorité des 13 soldats français décédés le 25 novembre dans un accident d’hélicoptères au Mali.
M. Macron souhaite davantage de "clarté" de la part de ses homologues sahéliens sur la présence française au moment où celle-ci suscite une contestation grandissante, avec notamment des manifestations antifrançaises. Une partie de l’opinion publique sahélienne attribue la dégradation sécuritaire à la présence même des troupes étrangères.
En novembre, l’état-major burkinabè avait même mis en garde les avions français qui survoleraient intempestivement son territoire.
Le président français attend de ses hôtes qu’ils "assument" publiquement auprès de leurs opinions le fait que les soldats français sont au Sahel à la demande des pays concernés, et non pas pour des "visées néocoloniales".
C’est une "condition nécessaire" et il tirera les conséquences si elle n’est pas remplie, a-t-il ajouté.
Mais l’invitation de l’ancienne puissance coloniale peut sonner comme une "convocation", selon plusieurs experts, qui regrettent qu’Emmanuel Macron n’ait pas fait preuve de plus d’écoute et de partage.