Nicolas Sarkozy se pose en défenseur des déclassés contre « l’élite »
Nicolas Sarkozy, en difficulté à six semaines du premier tour de la primaire de la droite, s’est posé dimanche en défenseur des déclassés contre les « élites », lors d’un meeting au Zénith de Paris, qui se voulait une démonstration de force pour tenter de reprendre la main.
"C’était un discours important, un discours que j’ai travaillé", a confié l’ex-président de la République à des journalistes après son intervention. "Il y a un décalage énorme" entre les Français, "ça s’est beaucoup accentué depuis 2012. Je m’en rends encore plus compte aujourd’hui, car je tourne beaucoup" dans le pays, a ajouté celui qui ambitionne de revenir à l’Elysée en 2017.
Disant chercher "la résurrection du peuple français", Nicolas Sarkozy a dénoncé avec une anaphore le "déclassement": "un pays qui s’enfonce dans le chômage de masse", qui "s’efface de la scène internationale", "ces millions de Français qui imaginent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux", "l’école de la République qui était hier le coeur de la promotion sociale et qui est devenue l’une des plus inégalitaires d’Europe", "cette classe moyenne qui s’est mise à compter ses fins de mois parce qu’elle est la première victime du choc fiscal sans précédent organisé par François Hollande"…
Face à cette France "exposée aux maux si profonds", cet ancien chef de l’Etat et ancien président du parti LR a dénoncé "une élite pour qui tout va bien, cette élite si puissante dans la sphère administrative et médiatique, et si minoritaire dans le pays", "guère présente dans le métro, les trains de banlieue, les collèges de ZEP…"
Il a replacé un mot vivement critiqué en 2005 lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, celui de "racailles" des quartiers, et n’a pas non plus hésité à revenir sur "nos ancêtres les Gaulois", formule controversée.
– "Session de rattrapage" –
"A ceux qui n’ont pas compris, je dois donc faire une session de rattrapage", a-t-il ironisé, réaffirmant que "toute personne qui veut entrer dans la communauté nationale doit accepter et faire sien notre récit national, nos moeurs, nos valeurs, notre mode de vie".
Marquant à nouveau sa différence avec Alain Juppé, partisan de "l’intégration", Nicolas Sarkozy a clamé que "c’est cela le combat de l’assimilation". S’il n’a jamais cité le nom de son rival (pas plus qu’il n’a fait allusion aux cinq autres concurrents, hors course pour le second tour selon les sondages), il lui a réservé plusieurs tacles.
"Jamais je n’accepterai que, sous prétexte d’accommodements raisonnables, on laisse la République se diviser en communautés", a martelé ce candidat à la primaire de la droite, dénonçant "les provocations d’une minorité qui porte le projet d’un islam politique" et "refuse de passer sous silence les ravages d’un islam radicalisé dans les quartiers".
"Je veux être le président d’une alternance claire, pas d’une coalition de la gauche et de la droite", a-t-il également attaqué, alors qu’il reproche aux juppéistes de vouloir faire voter la gauche à la primaire.
Défendant ses propositions controversées de référendums le 18 juin 2017 au second tour des législatives avec trois questions (rétablissement du cumul des mandats et réduction du nombre de parlementaires, suspension du regroupement familial, rétention administrative préventive de certains fichés S), il a raillé un "nouveau +cartel des Non+ qu’a si bien connu le général de Gaulle".
Avant lui, s’étaient exprimés Laurent Wauquiez, président par intérim du parti LR, pour qui Nicolas Sarkozy "ose dire tout haut ce que par lâcheté toute une partie de la classe politique renonce à dire", puis François Baroin, potentiel futur Premier ministre, "fier d’avoir été le ministre" de Nicolas Sarkozy. Dans son bilan de président, "il y a du bon et du moins bon, mais je n’ai aucune raison de renier ce que nous avons fait", a-t-il dit.
Avec AFP