Nicolas Sarkozy avait beau fait savoir qu’il n’était pas de tempérament à agir sous la pression de l’instant, qu’il était enclin à organiser le départ de Michelle Alliot-Marie après une échéance électorale, celle des cantonales prévues fin Mars, une manière de sortir par le haut et de soigner la sort de la fautive. L’effervescence internationale et la contestation interne de plus en plus virulente ne lui laissèrent guère le temps et lui imposèrent d’agir dans l’urgence.
Ainsi le sort de Michelle Alliot-Marie est scellé. Son remplaçant au Quai d’Orsay, Alain Juppé, est un ancien Premier ministre, ancien ministre des affaires étrangères qui connaît bien la maison et ses enjeux. Nicolas Sarkozy profite de ce tournant pour recadrer sa diplomatie, accusée d’être de moins en moins lisible et de plus en plus inefficace. Hasard du calendrier, les critiques les plus virulentes portées contre la politique étrangère de Nicolas Sarkozy interviennent au moment crucial où le président comptait énormément sur l’international pour re-présidentialiser sa stature et rehausser son image.
Il est reproché à Nicolas Sarkozy de ne pas avoir su anticiper ni accompagner le terrible séisme démocratique et la grande soif de liberté qui secoue le Monde Arabe et que dans sa grille de lecture, il avait du mal à se départir des réflexes de la realpolitik au nom desquelles les potentats autoritaires gagnent toujours la partie. Il est donc demandé à Nicolas Sarkozy de reformuler une vision française qui accompagne davantage les mouvements plutôt que de s’accrocher aux immobilismes et aux acquis.
Pour Nicolas Sarkozy, le sacrifice de Michelle Alliot-Marie visait d’abord à éteindre un incendie et à mettre fin à une situation de plus en plus ubuesque. Dommage collatéral de ce remaniement forcé, de nombreuse voix, au sein de la majorité présidentielle, se sont élevées pour demander au président de la république de profiter de cette crise pour procéder un grand changement de l’exécutif qui passerai forcement par le changement du Premier ministre François Fillon. Bref de construire l’acte II du quinquennat.
Ce débat est animé par les centristes et les fidèles de Jean Louis Borloo, ancien ministre de l’écologie, concurrent malheureux de François Fillon à Matignon. Il est si vif qu’il n’est pas impossible d’entendre des commentaires qui rappellent que MAM est tombée à cause de sa proximité touristique et immobilière avec le clan Ben Ali et que François Fillon avait bénéficié presque des mêmes avantages de la part d’un autre dictateur déchu, l’Égyptien Hosni Moubarak. D’où l’exigence que des mêmes causes puissent aboutir aux mêmes effets. Ce débat sur l’indispensable départ de François Fillon a le don d’agacer royalement Nicolas Sarkozy. Il le renvoie à son impuissance et à sa dépendance.