Municipales en France : 18,38% de participation à 12h

Heure après heure, la France tourne de plus en plus au ralenti pour enrayer l’épidémie de coronavirus, mais les électeurs ont tout de même commencé à voter dimanche, sans se précipiter aux urnes pour ces élections municipales éclipsées par le virus.

La participation à la mi-journée était en nette baisse, à 18,38%, cinq points de moins qu’en 2014 lors des précédentes municipales.

Samedi soir, à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote, le Premier ministre Edouard Philippe l’a annoncé : le pays tout entier est mis presque à l’arrêt, avec restaurants, cinémas et commerces non essentiels fermés, et les Français appelés à ne pas se déplacer pour tenter d’enrayer la propagation vertigineuse de la maladie Covid-19 en France, qui comptait 4.500 cas pour 91 morts samedi soir.

Les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits, le système scolaire sera à l’arrêt dans tout le pays à partir de lundi, en montagne, l’ensemble du domaine skiable fermera à 16H00 GMT, jusqu’à l’hiver prochain, et dans les prochains jours, les transports seront fortement réduits.

Malgré tout, le gouvernement, dont deux membres sont malades, estime que le scrutin peut être maintenu. « Pas de risques sanitaires particuliers », martèle-t-il depuis que le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi soir le maintien des élections.

Poignées de porte, tables, isoloirs… tout devait être nettoyé avant le vote et des mesures prises pour éviter les files d’attente et faire respecter les distances de sécurité. Les personnes âgées ou fragiles passeront en priorité.

Les bureaux de vote ont donc ouvert comme prévu à 08H00 (07H00 GMT), et fermeront à 18H00, 19H00 ou 20H00 (17, 18 ou 19H00 GMT) selon les communes.

– Chacun son stylo –

Le ministère de l’Intérieur recommande même aux électeurs d’apporter leur propre stylo pour signer les cahiers d’émargement, « à condition que l’encre soit bleue ou noire et indélébile ».

A l’entrée du bureau de vote installé dans la mairie d’Escames, petite commune rurale de l’Oise au Nord de Paris, un département particulièrement touché au début de la propagation, un paquet de gants en plastique et une bouteille de gel hydroalcoolique accueillent les électeurs. Chacun attend patiemment dans la cour ensoleillée que le petit bureau se libère pour y pénétrer.

« Vous pouvez y aller sans crainte, ils sont en bonne santé! », s’amuse un votant en sortant de la petite mairie en briques rouges où attendent les trois assesseurs.

« Pratiquement tout le monde apporte son stylo », constate Daniel Mooser, 74 ans, commerçant à la retraite, en faisant émarger les votants, les mains gantées de plastique. Maintenir les élections n’était « pas une décision facile », commente-t-il.

Dans le département, le taux de participation était de 18,47% à midi, contre 27,95% six ans plus tôt.

« Il faut voter. Il n’y a personne et on ne risque pas grand chose », estimait peu après 08H00 locales Bernard Gallis, 66 ans, venu voter avec sa femme à Aulnay-sous-Bois, près de Paris, en désignant derrière lui le bureau de vote pratiquement vide. En revanche, selon lui, leurs enfants de 40, 36 et 32 ans ne voteront pas à cause du virus.

« Est-ce qu’aller voter est comparable à faire ses courses au supermarché? Le risque n’est pas plus grand que la possibilité qu’on leur laisse d’aller faire leurs courses », a justifié vendredi Jean-François Delfraissy, qui préside le conseil scientifique sur le coronavirus.

La France fait partie des principaux foyers d’infection dans le monde.

Pour les spécialistes, une baisse de la participation chez les seniors pourrait surtout pénaliser la droite qui compte davantage sur un électorat âgé.

– Quid du parti de Macron? –

La performance des candidats du parti présidentiel (La République en marche, centre), qui n’existait pas lors du précédent scrutin en 2014, sera forcément suivie de près.

L’exécutif a traversé une période délicate ces derniers mois, parsemée de mouvements sociaux comme les gilets jaunes ou la grève contre la réforme controversée des retraites.

Ses candidats sont loin d’être favoris dans la plupart des villes, et même le Premier ministre Edouard Philippe, qui se présente dans son fief du Havre (nord-ouest), n’est pas certain de l’emporter. Une défaite mettrait assurément en danger son poste à la tête du gouvernement.

Il a voté dimanche matin, respectant les gestes barrières destinés à freiner la propagation (distance de sécurité, utilisation de son propre stylo, lavage de mains).

A Paris, c’est l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn qui a été envoyée au front après une campagne chaotique. Elle a dû remplacer, il y a à peine un mois au pied levé, Benjamin Griveaux, emporté par un scandale après la révélation de vidéos intimes.

Elle est légèrement en retrait dans les sondages, troisième (19%) derrière la maire socialiste sortante Anne Hidalgo et son adversaire de droite Rachida Dati au coude à coude (25%).

Les résultats devraient toutefois être difficiles à décrypter au niveau national tant le traditionnel clivage gauche-droite s’est effacé en France depuis l’élection du centriste Emmanuel Macron à la présidence en 2017.

Et tandis que le bilan de l’épidémie s’aggrave, nombre d’experts mettent en doute la capacité de tenir le second tour dimanche 22 mars.

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