Libye: appuyé par l’armée, le général Haftar veut reprendre Benghazi

L’armée libyenne a annoncé mercredi son soutien au général Khalifa Haftar qui a lancé une offensive sur Benghazi pour tenter de reprendre cette ville de l’est libyen tombée en juillet aux mains de milices islamistes.

Des tirs et des explosions ont été entendus dans la matinée dans plusieurs parties de Benghazi dont les rues étaient désertes et les commerces fermés, selon un correspondant de l’AFP.

Les combats ont fait au moins douze morts et une dizaine de blessés, selon des sources hospitalières.

L’annonce de cette nouvelle offensive intervient près de six mois après le lancement par le général Haftar d’une opération baptisée "Dignité" contre les groupes armés, qu’il a qualifiés de "terroristes", qui contrôlent Benghazi.

M. Haftar avait été alors accusé par les autorités de transition de mener un "coup d’Etat". Mais leur position a bien changé depuis, surtout après que le général à la retraite a obtenu le soutien de plusieurs unités de l’armée.

Mercredi, l’armée libyenne a affiché clairement son soutien à l’opération du général Haftar.

"L’armée libyenne appuie l’opération +Dignité+. Désormais, c’est une opération parmi d’autres de l’armée", a déclaré à l’AFP le porte-parole du chef d’état-major de l’armée régulière, le colonel Ahmed al-Mesmari.

Benghazi est l’une des zones les plus troublées de la Libye, plongée dans le chaos et livrée aux milices depuis le renversement de Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011.

– ‘Etape stratégique’ –

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"La libération de Benghazi est une étape stratégique, la plus importante dans la bataille de l’armée contre le terrorisme" dans toute la Libye, a déclaré le général Haftar, 71 ans, en intervenant mardi soir sur une chaîne de télévision privée.

Des témoins ont rapporté mercredi que des chars avaient lancé un assaut contre la "Brigade du 17 février", une milice islamiste, tandis que les forces aériennes loyales à M. Haftar menaient des raids contre le quartier général de cette milice situé à l’ouest de la ville.

Plus tard, un porte-parole du général Haftar, Mohamed Hijazi, a annoncé que ses troupes avaient pris le contrôle du quartier général de cette milice. Mais il n’était pas possible dans l’immédiat de confirmer cette information de source indépendante.

L’opération lancée en mai par le général controversé, qui avait pris part à la révolte contre le régime Kadhafi, n’a jusqu’à présent pas remporté beaucoup de succès.

Au contraire, ses forces ont été chassées de Benghazi par les milices islamistes, dont Ansar Asharia, organisation classée terroriste par Washington.

Ces groupes armés ont formé une coalition baptisée le Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi, regroupant des radicaux et d’autres plus modérés.

Depuis, des combats meurtriers opposent quasi-quotidiennement les deux camps et ont fait plus de 50 morts la semaine dernière.

Les forces de Haftar défendent depuis plusieurs semaines l’aéroport de Benghazi, leur dernier bastion depuis qu’elles ont perdu les principales bases militaires.

– ‘Des jours difficiles’ –

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Le général, qui dit commander l’"Armée nationale libyenne" (auto-déclarée), a prévenu mardi soir que les "prochains heures et jours" seraient "difficiles".

Un de ses porte-parole a appelé dans le même temps les jeunes de Benghazi à sécuriser leurs quartiers et à ne pas permettre aux combattants islamistes d’y accéder.

Accusé par ses détracteurs de vouloir profiter de l’anarchie dans laquelle est plongé le pays pour mener un coup d’Etat, le général Haftar s’appuie sur des anciens officiers de l’armée de Kadhafi et d’autres brigades de l’est libyen, dont l’unité des forces spéciales et les forces aériennes.

Lors de son intervention télévisée, le général a affirmé pour la première fois qu’il mettrait fin à sa "carrière militaire" après la libération de Benghazi. Il était jusqu’ici resté évasif sur ses réelles intentions.

"Je considère cette bataille (de Benghazi) comme le couronnement de ma carrière militaire", a-t-il dit, sans préciser s’il envisageait une carrière politique.

Le rapprochement entre Haftar et les autorités de transition a été dénoncé par une coalition de groupes armés, notamment islamistes et de la ville de Misrata (à l’est de Tripoli), qui contrôle la capitale depuis août, à l’issue de plusieurs semaines de combats contre des milices pro-gouvernementales essentiellement de la ville de Zenten (ouest).

Les milices de la coalition "Fajr Libya" (Aube de la Libye) ont formé un gouvernement parallèle à Tripoli et ont élargi leur offensive à l’ouest de Tripoli.

Mercredi encore, des combats faisaient rage entre Fajr Libye et des forces de Zenten, en particulier autour de la ville de Kekla, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli, selon un photographe de l’AFP.

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