"Les autorités relativisent les crimes commis par le régime ustachi (pro-nazi)", a dénoncé lundi à l’AFP Ognjen Kraus, président de la coordination des associations juives de Croatie.
"Nous ne participeront pas" aux commémorations du vendredi, qui se déroulent d’habitude dans l’Assemblée nationale, a ajouté M. Kraus.
Il a ajouté que "rien n’a été fait depuis un an", pour réparer un climat qui s’est installé dans le pays en 2016, lorsqu’il était dirigé par un gouvernement conservateur, tombé en juin, accusé d’avoir fermé les yeux sur un regain de l’idéologie des Oustachis.
Les représentants des Serbes et des Juifs avaient déjà boycotté en avril 2016 une cérémonie au camp d’extermination de Jasenovac, pour protester contre un réveil de la nostalgie pro-nazie et la mansuétude des autorités.
La décision de ne pas participer aux commémorations du vendredi est liée aussi à la controverse crée par l’inauguration en novembre dans la ville de Jasenovac (est) d’une plaque à la mémoire des combattants croates morts pendant la guerre d’indépendance des années 1990, mais frappée d’un slogan du régime oustachi.
Une plaque similaire a été posée plus tard dans une autre ville, et une devrait aussi être posée à Zagreb.
Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic, qui dirige le nouveau gouvernement de centre droit issu des élections anticipées d’octobre, s’est excusé à ceux qui ont été blessés par cette plaque posée à Jasanovac. Mais elle est toujours en place. Il a expliqué cette situation par le manque d’un "cadre juridique adéquat (…) en ce qui concerne les régimes totalitaires".
Le régime oustachi est responsable de la mort de plusieurs centaines de milliers de Juifs, de Serbes, de Roms et d’antifascistes croates.
Environ 75% des quelque 40.000 juifs de Croatie ont été tués dans l’Etat indépendant croate (NDH), qui a gouverné le pays pendant la Seconde guerre mondiale.
Les juifs représentent aujourd’hui moins d’1% des quelque 4,2 millions de Croates.
Avec AFP