Les démocrates lancent l’offensive parlementaire contre le mur de Trump

Le président américain Donald Trump a juré vendredi de mettre son veto si une résolution visant à annuler l' »urgence nationale », qu’il a décrétée pour pouvoir construire un mur à la frontière avec le Mexique, était approuvée au Congrès.

Cette "urgence nationale" exceptionnelle, censée aider M. Trump à lutter contre l’immigration clandestine, a déclenché une féroce bataille politico-judiciaire aux Etats-Unis.

Pour y mettre fin, les parlementaires démocrates ont donc présenté une résolution vendredi, en annonçant qu’un premier vote serait organisé à la Chambre des représentants mardi prochain.

"Il n’y a aucune preuve soutenant la fausse affirmation du président (républicain) qu’il y a une crise à la frontière", a lancé Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, où les démocrates sont majoritaires.

La résolution, co-signée par un élu républicain et plus de 225 parlementaires (sur un total de 435), devrait être approuvée sans difficulté à la chambre basse.

Le texte arrivera ensuite au Sénat, contrôlé au contraire par les républicains (53 sièges sur 100).

Son avenir y est incertain, même si plusieurs sénateurs républicains ont exprimé leur malaise face à cette déclaration d’"urgence nationale", affirmant qu’elle créait un précédent dangereux et outrepassait les pouvoirs de l’exécutif.

Une sénatrice républicaine modérée, Susan Collins, a même laissé entendre qu’elle pourrait voter en faveur de la résolution. Mais cela reste loin d’être suffisant pour parvenir au seuil de votes nécessaires.

Si le texte était toutefois approuvé par les deux chambres du Congrès, Donald Trump a promis de le bloquer.

"Est-ce que je mettrai mon veto? A 100%", a répondu le président à des journalistes dans le Bureau ovale.

Le milliardaire républicain s’est dit confiant que le Congrès ne pourrait ensuite pas outrepasser son veto. Ceci nécessiterait une majorité des deux-tiers dans les deux chambres.

Reste qu’il serait extrêmement embarrassant pour le républicain d’utiliser pour la première fois son droit de veto afin de sauver une mesure qui dérange jusque dans ses rangs.

"Tout le monde sait que les murs fonctionnent", avait-il martelé en annonçant qu’il décrétait l’"urgence nationale", le 15 février.

Grande promesse de sa campagne présidentielle en 2016, Donald Trump proclamait à l’époque que le Mexique payerait la facture du mur.

Mais il s’est finalement tourné vers le Congrès américain, où l’âpre bataille avec les démocrates autour de son financement a récemment mené au plus long "shutdown", ou paralysie budgétaire, de l’histoire récente des Etats-Unis.

Frustré que les parlementaires ne lui attribuent finalement qu’une enveloppe de 1,4 milliard de dollars, sur les près de six milliards qu’il réclamait, Donald Trump a affirmé qu’il n’avait pas d’autres choix que de recourir à l’"urgence nationale" pour lutter contre ce qu’il a qualifié d’"invasion" de gangs, de passeurs, de trafiquants de drogue et de migrants clandestins.

Avec cette mesure exceptionnelle, il veut contourner le Congrès, qui a, selon la Constitution américaine, le dernier mot en matière de financement public.

D’après la Maison Blanche, il va désormais pouvoir débloquer des fonds fédéraux –notamment destinés au Pentagone– et atteindre un budget total de huit milliards de dollars.

Lors d’une visite dans la ville américaine frontalière du Mexique, Laredo, Nancy Pelosi a appelé vendredi les républicains à se rallier à la résolution démocrate: "Le président n’est pas au-dessus des lois", a-t-elle déclaré.

Seize Etats américains avaient déjà déposé lundi une plainte contre la déclaration d’urgence devant un tribunal fédéral en Californie.

D’après le procureur général de Californie, Xavier Becerra, la construction de ce mur frontalier n’a aucun caractère d’urgence.

Au cours de la conférence de presse pour annoncer sa décision, Donald Trump avait d’ailleurs lâché: "Je n’avais pas besoin de le faire, mais je préfère le faire beaucoup plus rapidement".

Cette bataille judiciaire s’annonce longue et pourrait remonter, à terme, jusqu’à la Cour suprême. Tout se jouera sur la définition d’"urgence nationale" entendue par la loi de 1976 sur laquelle s’est appuyée le milliardaire.

Plusieurs présidents américains ont déjà eu recours à cette procédure, comme le républicain George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, le démocrate Barack Obama en pleine épidémie de grippe H1N1, ou pour décréter des sanctions économiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite