Quelque 30.000 femmes en France se sont fait implanter des prothèses mammaires de marque PIP, dont certaines sont remplies d’un gel de silicone non médical, qui entraîne des risques accrus de fuite et de rupture de l’enveloppe de la prothèse.
Les frais liés à cette explantation (retrait) éventuelle, incluant l’hospitalisation, sont pris en charge par l’assurance maladie. S’agissant de femmes relevant d’une chirurgie reconstructrice (après cancer du sein), la pose d’une nouvelle prothèse est également remboursée.
Lorsqu’il s’agit d’une opération à visée esthétique -la grande majorité des cas- la pose de nouvelles prothèses est à la charge des patientes.
"A titre préventif et sans caractère d’urgence", le ministre de la Santé Xavier Bertrand et la secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra "souhaitent que l’explantation des prothèses, même sans signe clinique de détérioration de l’implant, soit proposée aux femmes concernées", indique le ministère dans un communiqué.
Les ministres renforcent ainsi les recommandations déjà émises en septembre 2010 par l’Agence des produits de santé (Afssaps).
Ils demandent aux femmes porteuses d’une prothèse mammaire de vérifier la marque de cette prothèse et aux porteuses de prothèses de marque Poly implant prothèse (PIP) de consulter leur chirurgien.
"A cette occasion, une explantation préventive même sans signe clinique de détérioration de l’implant leur sera proposée", indiquent-ils. "Si elles ne souhaitent pas d’explantation, elles doivent bénéficier d’un suivi par échographie mammaire et axillaire tous les 6 mois."
Les ministres rappellent que "toute rupture, toute suspicion de rupture ou de suintement d’une prothèse doit conduire à son explantation ainsi qu’à celle de la seconde prothèse", comme le recommandait déjà l’Afssaps.
Pas de risque accru de cancer
L’avis scientifique rendu jeudi soir au gouvernement par l’Institut national du cancer (INCa) montre qu’il "n’y a pas à ce jour de risque accru de cancer chez les femmes porteuses de prothèses de marque PIP en comparaison aux autres prothèses".
Un total de huit cas de cancers a été signalé chez des femmes ayant eu des prothèses PIP, sans toutefois qu’aucun lien de causalité n’ait été établi.
"Devant l’absence d’éléments nouveaux concernant le gel non conforme ou de données cliniques nouvelles sur des complications spécifiques, les experts considèrent ne pas disposer de preuves suffisantes pour proposer le retrait systématique de ces implants à titre préventif", a estimé l’expertise collective coordonnée par l’INCa.
Néanmoins, souligne le ministère, "les risques bien établis liés à ces prothèses sont les ruptures et le pouvoir irritant du gel pouvant conduire à des réactions inflammatoires, rendant difficile l’explantation".
Le ministère de la Santé rappelle qu’il est demandé aux chirurgiens plasticiens libéraux "de ne pas pratiquer de dépassements d’honoraires pour effectuer ces actes".