Le Premier ministre turc s’en est pris directement au président Nicolas Sarkozy, l’accusant d’aller "chercher des voix en attisant islamophobie et turcophobie".
"On estime que 15% de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945. Il s’agit d’un génocide", a déclaré M. Erdogan lors d’une conférence.
Le responsable turc a également accusé le président français Nicolas Sarkozy de jouer sur "la haine du musulman et du Turc" à des fins électoralistes.
500 000 Français d’origine arménienne votent en France.
Cette crise plonge les relations entre les deux pays dans une tourmente et pourrait durer plus longtemps que lors des précédentes crises, les Turcs se sentant blessés dans leur fierté nationale.
En visite officielle en Arménie le 7 octobre dernier, le président français, alors au plus bas dans les sondages, avait laissé entendre que si la Turquie ne faisait pas "un geste de paix" envers l’Arménie, la France ferait voter un texte de loi spécifique réprimant la négation Udu génocide de 1915.
Depuis le mémorial arménien à Erevan, il exhorte «la Turquie à regarder son histoire en face» et fustige «le négationnisme collectif, pire encore que le négationnisme individuel». Et de promettre une loi avant la fin de son mandat si Ankara ne fait pas d’ici là un pas vers la reconnaissance du génocide.
Ce texte était à l’agenda de l’Assemblée nationale jeudi. Une proposition de loi déposée par la députée UMP des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, qui vise en effet à punir d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende "l’apologie, la négation ou la banalisation grossière publiques des crimes de génocide, des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre", ainsi que "la contestation ou la minimisation outrancière des génocides reconnus par loi".
Une proposition de loi qui englobe donc le génocide arménien – 1,5 million de morts en 1915 -, reconnu comme tel par la France en 2001.
Avis des historiens
Pour l’historien français Pierre Nora, "Le profit n’est qu’électoral et politique. Il s’agit, de la part du chef de l’Etat, d’éloigner la perspective d’une candidature de la Turquie à l’Europe", rappelant qu’en 2006, l’ancien président Jacques Chirac avait condamné toute forme de législation sur le passé, et dit que c’était aux historiens d’écrire l’histoire..
"(….) Et voilà que droite et gauche, à la veille de la campagne électorale, viennent se disputer l’électorat arménien ! C’est sans doute de la politique, mais ce n’est pas brillant !", regrette Pierre Nora.
Pour cet historien, si la France se met à s’ériger en conscience universelle, "alors condamnons les Américains pour les Indiens, les Chinois pour les Tibétains… L’histoire tout entière est un crime contre l’humanité !"