Le Maroc s’affirme comme le nouveau pilier low cost de Renault
La production de l’usine de Tanger va dépasser cette année les 300.000 voitures.Le constructeur français va doubler ses achats au Maroc pour les porter à 1,5 milliard d’euros d’ici à 2023.
Les équipementiers suivent le mouvement
De plus, Renault est parvenu à convaincre de nouveaux équipementiers de s’installer sur place. Longtemps réticents à l’idée de prendre des risques pour un seul constructeur, les équipementiers sont bien plus confiants depuis l’annonce de l’arrivée de PSA, qui ouvrira une usine dans la zone franche de Kénitra en 2019 (lire ci-dessous). De quoi bénéficier indirectement à Renault.
Au printemps, le constructeur a signé un imposant contrat de développement avec le gouvernement, en s’engageant à porter son volume d’achat à 1,5 milliard d’euros en 2023, contre 750 millions actuellement. Et le taux d’intégration locale, qui n’est aujourd’hui que de 45 %, devrait passer à 65 % d’ici à 2023. « On est en pleine diversification de la filière », souligne Daniel Perry, directeur des achats pour la région.
Ces derniers mois, Renault a ainsi mis en place un approvisionnement local en acier – l’homologation de Maghreb Steel cet été -, s’est renforcé dans l’emboutissage – montée en puissance de SNOP – ou dans les pièces plastique, les composants de sièges, les pièces de châssis… Reste la question de l’implantation de moteurs, qui, aujourd’hui, « n’est pas d’actualité », indique Bernard Cambier, même si la création d’un écosystème de fournisseurs dans le sillage de PSA va mécaniquement faciliter ce type de projet.Au final, le Maroc s’impose comme une impressionnante base low cost pour Renault. Avec ses faibles coûts salariaux (le salaire minimum mensuel est de 2.570 dirhams, soit 238 euros), les nombreuses aides publiques aux zones franches (exonération de droits de douane, taux réduit d’impôt…), et une logistique en progrès, le pays affiche une compétitivité qui ne cesse de s’améliorer du fait de l’augmentation des volumes. Thierry Bolloré lui-même, le directeur général à la compétitivité de Renault, pointe régulièrement la « convergence salariale » des différents pays en voie de développement. En Roumanie, l’usine de Pitesti du groupe fait face depuis plusieurs années à des flambées de salaire qui l’ont obligée à lancer un plan d’automatisation. Quant à l’usine turque de Bursa, elle a connu en 2015 plusieurs mouvements de grève qui ont freiné sa base de coûts.
Le Maroc a donc un boulevard devant lui. S’il a encore des défis à surmonter en termes de qualité et de coûts liés à la logistique, le pays devient le coeur, avec la Roumanie, des véhicules low cost du groupe – la Sandero représente plus de la moitié des volumes de Tanger, le reste se répartissant entre Dokker et Lodgy. Et le constructeur n’a pas renoncé à y implanter sa voiture à très bas coût produite actuellement en Inde (et bientôt au Brésil), la Kwid, pour une commercialisation en Europe. Enfin, la constitution d’une filière plus compétitive offre aussi une alternative en termes de « sourcing » (lire ci-dessous) pour les usines espagnoles du groupe, qui achètent de plus en plus de composants directement au Maroc plutôt qu’en Europe.
par Maxime Amiot