« Le réalisme impose le constat de l’échec de la Minusma dont le mandat ne répond pas au défi sécuritaire », a dit Abdoulaye Diop devant les membres du Conseil qui doivent se prononcer le 29 juin sur un renouvellement du mandat de la mission de maintien de la paix qui expire le 30 juin.
« La Minusma semble devenir partie du problème en alimentant les tensions communautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix à la réconciliation et à la cohésion nationale du Mali », a estimé le ministre dont les propos ont été relayés par des médias locaux.
« Cette situation engendre un sentiment de méfiance des populations à l’égard de la Minusma et une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Minusma », a-t-il souligné, dénonçant notamment le récent rapport accablant du Haut Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU sur l’opération antiterroriste à Moura en mars 2022.
« Au regard de tout ce qui précède, le gouvernement du Mali demande le retrait sans délai de la Minusma. Cependant le gouvernement est disposé à coopérer avec les Nations unies dans cette perspective », a déclaré le ministre, rejetant toutes les options d’évolution du mandat de la mission proposées par le secrétaire général de l’ONU.
Le SG de l’ONU, Antonio Guterres, soulignant qu’un statu quo n’était pas viable, avait en janvier dernier mis sur la table trois options pour l’évolution de la mission, d’une augmentation des effectifs à un retrait total des troupes si des conditions clés n’étaient pas remplies.
La Minusma a été créée en 2013, prenant le relais d’une mission sous conduite africaine alors que le Mali était en proie à une rébellion menaçant l’Etat et qui perdure aujourd’hui.
Son mandat, renouvelé en 2022 et expirant le 30 juin, lui assigne d’appuyer l’application d’un important accord de paix avec d’anciens groupes rebelles du nord , d’aider les autorités maliennes à stabiliser le centre, autre foyer de la violence; de protéger les civils; de défendre et protéger les droits humains.
Le Conseil de sécurité l’autorise à employer « tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat », y compris donc la force.
Depuis 2012, le Mali est en proie à des incursions terroristes et des violences intercommunautaires ayant fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.