Le grand orgue de la cathédrale de Nantes ravagé, enquête pour « incendie volontaire »

La cathédrale gothique Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes a été victime samedi d’un incendie, rapidement circonscrit, mais qui a toutefois détruit le grand orgue, un événement qui a conduit à l’ouverture d’une enquête pour « incendie volontaire » tandis que le Premier ministre Jean Castex s’est rendu sur place.

Après avoir visité la cathédrale et rencontré les pompiers, le chef du gouvernement a fait une courte déclaration, rendant d’abord hommage « au dévouement et au très grand professionnalisme de la grosse centaine de sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés dès le début du sinistre et qui l’ont géré avec une efficacité remarquable ».

« Place, désormais, d’une part à l’enquête, placée sous l’autorité comme il se doit, du procureur de la République et sur laquelle, à ce stade, je ne dispose d’aucun élément précis d’information. Place ensuite à la reconstruction, que je souhaite la plus rapide possible et à laquelle l’État prendra toute sa part », a-t-il assuré.

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui s’est également rendue sur place, a indiqué que « la qualité du patrimoine français implique des efforts financiers tout à fait considérables et l’État va bien sûr être là pour une opération qui sera forcément longue ».

Un peu plus tôt, le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès avait annoncé à l’AFP l’ouverture d’une enquête pour « incendie volontaire ». Il a précisé l’existence de « trois points de feu distincts » mais « il n’y a pas de conclusion à tirer maintenant ».

« Entre le grand orgue, qui est sur la façade au premier étage et les autres feux, vous avez quasiment toute la distance de la cathédrale, ils sont quand même à une distance conséquente les uns des autres », a-t-il relevé.

Cependant il n’y a pas de traces d’effraction au niveau des accès extérieurs, a-t-il indiqué, alors que tout le monde s’interroge sur l’origine du sinistre.

Selon le père Hubert Champenois, recteur de la cathédrale, « tout était en ordre hier soir ». La cathédrale est habituellement ouverte au public de 8H00 à 19H00. « Chaque soir, avant de la fermer, une inspection très précise » est effectuée, a-t-il dit.

La police judiciaire a été saisie et un expert incendie du laboratoire de police technique et scientifique de Paris devait se rendre à Nantes pour examiner les départs de feu et l’installation électrique de la cathédrale.

 « Grand chagrin »

Vers 07H45, dans le centre de Nantes,  des passants ont vu des flammes derrière la rosace et ont alerté les secours, ravivant les souvenirs douloureux de l’incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019.

Morgane Jobelin, 30 ans, a découvert le sinistre en arrivant au travail dans son salon de thé situé à quelques dizaines de mètres de la cathédrale. « Un peu avant 08H00, j’ai remarqué que des gens regardaient en l’air, puis j’ai vu la grosse fumée noire qui s’élevait vers le ciel et les pompiers avec leur lance à eau », a-t-elle dit à l’AFP.

Grâce à une centaine de pompiers et une quarantaine d’engins, l’incendie a été maîtrisé en deux heures environ et « circonscrit » vers 10H00, a expliqué Laurent Ferlay, directeur départemental des pompiers.

M. Ferlay a indiqué que les dégâts ne pouvaient être comparés aux incendies de Notre-Dame, à celui de cette même cathédrale en 1972, ni à celui de Saint-Donatien à Nantes en 2015.

Laurent Delpire, conservateur des Antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique, a pu lister les éléments touchés : l’orgue et le buffet d’orgue du XVIIe siècle, un tableau d’Hippolyte Flandrin du XIXe, une partie des stalles du chœur qui étaient récentes et les vitraux de la façade, dont une partie était des vestiges de vitraux du XVIe siècle, le reste étant moderne.

« Il y a des choses irrécupérables, comme le tableau d’Hippolyte Flandrin, Saint Clair guérissant les aveugles, il est perdu définitivement. C’est un grand chagrin », a déclaré Mme Bachelot.

La maire de Nantes Johanna Rolland (PS), qui a pu entrer dans la cathédrale, a fait part à l’AFP de son émoi en découvrant les dégâts. « Ce qui domine, c’est l’émotion et la tristesse pour les catholiques nantais, car c’est un lieu emblématique, mais au-delà pour toutes les Nantaises et les Nantais ».

Des journalistes de l’AFP qui ont pu entrer à l’intérieur de l’édifice ont découvert des restes de l’orgue en bois noirci,  jonchant le sol, derrière des rubans délimitant le périmètre.

En fin d’après-midi, la Fondation du patrimoine annonçait le lancement d’une collecte pour la reconstruction du grand orgue.

Plus tôt, Emmanuel Macron avait tweeté son « soutien à nos sapeurs-pompiers qui prennent tous les risques pour sauver ce joyau gothique de la cité des Ducs ».

L’édification de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, de style gothique flamboyant, a duré plusieurs siècles (de 1434 à 1891). En 1972, le sinistre s’était déclaré à la suite de travaux effectués par un couvreur.

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