Le FMI et la BM dressent un tableau sombre des perspectives économiques de l’Algérie

La Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) ont dressé, dans un rapport publié mardi, un tableau sombre et annoncé des perspectives «obscures» pour l’économie algérienne qui n’est pas assurée d’échapper à l’étranglement d’une crise financière, malgré les assurances données par le premier ministre, Ahmed Ouyahia.

Ouvertement réticentes à l’égard du recours à la planche à billets pour financer l’économie, les institutions de Bretton Woods anticipent une inflation galopante dès l’année en cours. Forte accélération des tensions inflationnistes, recul de la croissance dès l’année prochaine, hausse du chômage et de la pauvreté, poursuite de l’érosion des réserves de change et risques accrus de malaise social, tels sont en substance les pronostics, pour le moins sombres, que la Banque mondiale a formulés hier sur le devenir de l’économie algérienne à l’horizon 2020.

Ouvertement réticente à l’égard de ce qu’elle qualifie de recours au seigneuriage, c’est-à-dire à la planche à billets, la BM anticipe en ce sens une inflation galopante en Algérie dès l’année en cours, tandis que la croissance économique devra redevenir «anémique», soit d’à peine 2%, dès l’année prochaine.

Ainsi, à travers son dernier rapport sur les évolutions des économies de la région MENA, la Banque mondiale table sur un taux d’inflation de 7,5% en Algérie pour l’année en cours, contre 5,5% en 2017, avant une accélération encore plus inquiétante en 2019 et 2020, où il devrait caracoler, selon ses prévisions, respectivement à 8,1 et 9%.

Pour la BM, la reprise rapide de la croissance, attendue à 3,5% pour l’année en cours, ne serait en définitive que le résultat d’un processus d’expansion budgétaire, c’est-à-dire de l’augmentation de la dépense publique. Cela étant, prévient-t-elle, «il sera difficile de résister à la tentation de retarder à nouveau le rééquilibrage des finances publiques, même si le pays se dirige vers une crise financière déclenchée par le recours au seigneuriage pour financer le déficit budgétaire».

En effet, le rapport établi par une équipe du FMI, qui a séjourné en Algérie entre février et mars derniers, a formulé un certain nombre de recommandations particulièrement urgentes. Il recommande "un assainissement soutenu mais graduel des finances publiques, s’appuyant sur une stratégie de financement diversifiée qui exclut l’emprunt auprès de la banque centrale".

Le FMI estime qu’"il convient d’agir sans tarder sur plusieurs fronts pour simplifier la bureaucratie, améliorer l’accès au crédit, renforcer la gouvernance, la transparence et la concurrence, ouvrir davantage l’économie à l’investissement étranger, améliorer le fonctionnement du marché du travail et l’adéquation entre les emplois et les compétences, et favoriser l’emploi des femmes».

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