Le discours xénophobe et islamophobe d’Eric Zemmour suscite un tollé, le CSA saisi
Samedi 28 septembre, LCI a diffusé l’intégralité d’un discours xénophobe et islamophobe d’Eric Zemmour. Une séquence qui a choqué les téléspectateurs et provoqué des remous au sein de la chaîne entre les journalistes et la direction. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a confirmé avoir reçu plus de 400 signalements après ce discours.
"Tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam", avait estimé samedi le polémiste Eric Zemmour dans un discours très violent contre les immigrés "colonisateurs" et "l’islamisation de la rue", lors d’une "convention de la droite" organisée à Paris par les proches de l’ancienne députée d’extrême droite, Marion Maréchal.
Après la diffusion de ce discours, intégralement retransmis sur LCI (chaîne d’info du groupe TF1), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a reçu plus de 400 saisines.
"Ce week-end restera marqué aussi par une réunion dont je ne veux pas citer le nom, mais qui me frappe par la violence et la tonalité des propos qui ont été prononcés. Cette prétendue convention a donné lieu à des discours que je trouve nauséabonds et profondément contraires à l’idée que nous nous faisons de la France et de la République", a souligné le Premier ministre Edouard Philippe.
Celui qui a été condamné très récemment pour provocation à la haine religieuse a également cité l’écrivain Renaud Camus, théoricien du "grand remplacement" de la population blanche et chrétienne par une population immigrée musulmane et ironisé sur les tenues de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, "sommet de la distinction française".
Dans un communiqué publié ce dimanche 29 septembre, la Société des journalistes de LCI a fermement condamné la diffusion du discours : « La SDJ de LCI se désolidarise de la décision de notre direction de diffuser en direct et en intégralité un discours d’Eric Zemmour, définitivement condamné pour provocation à la haine raciale le 17 septembre dernier.
La Société des journalistes (SDJ) du Figaro, l’un des employeurs du polémiste avec RTL et Paris Première, a interpellé sa direction lundi dans un courrier: "la SDJ s’interroge sur la position, fort commode, de rentier de la polémique qui est la sienne: salarié du Figaro, il se lâche à l’extérieur sans retenue, arguant que cela ne regarde pas ses employeurs et collègues de travail".
Les déclarations du polémiste ont suscité un tollé jusqu’au sein du gouvernement, le Premier ministre Édouard Philippe condamnant des discours "nauséabonds et profondément contraires à l’idée que nous nous faisons de la France et de la République".
De son côté, le parquet de Paris étudie la possibilité de diligenter une enquête.
L’ancien président François Hollande a déploré une trop grande "porosité" des médias à l’égard de l’extrême droite et des thèses relayées par le polémiste.
"Éric Zemmour travaille dans des organes de presse et pas n’importe lesquels. Si l’on pense qu’il tient des propos qui dépassent toutes les limites et qui franchissent toutes les digues, il y a bien un moment où il faut prendre des responsabilités", a-t-il estimé sur France Inter.
La perspective de l’embauche par CNews du polémiste, annoncée par certains médias mais non confirmée par la chaîne d’info du groupe Canal+, a également mis de l’huile sur le feu.
"Confier une émission à Eric Zemmour, c’est le mettre dans une position de légitimité. Nous demandons donc à CNews de renoncer à établir une relation avec Eric Zemmour car la haine, jamais, ne devrait devenir un commerce", déplore SOS Racisme dans une pétition lancée lundi et signée par plus de 1.800 personnes.
L’auteur du "Suicide français", 61 ans, se verrait confier une quotidienne de 19 à 20H sur CNews (ex-iTélé), où il avait officié de 2003 à 2014, selon le site Les Jours.