Le Crif choqué par les propos de François Fillon sur la viande halal et casher

En pleine polémique sur la viande halal, François Fillon a provoqué lundi la colère du Crif en suggérant aux juifs et aux musulmans de revenir sur les « traditions ancestrales » d’abattage rituel des animaux, qui ne correspondent plus aujourd’hui « à grand-chose ».

Pour François Fillon, ces traditions ne correspondent plus aujourd’hui "à grand-chose". S’exprimant à titre personnel, le Premier ministre a estimé que les religions "devaient réfléchir au maintien des traditions qui n’ont plus grand-chose à voir avec l’état aujourd’hui de la science, l’état de la technologie, les problèmes de santé".

Des propos qui ont suscité la colère du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Son président, Richard Prasquier – qui entretient de bonnes relations avec Nicolas Sarkozy – s’est ainsi dit "choqué" d’entendre le Premier ministre s’exprimer ainsi. Des déclarations qualifiées également de "stupéfiantes".

Une responsable de l’UMP a également pris ses distances avec François Fillon. Salima Saa, secrétaire nationale UMP chargée du développement urbain a expliqué qu’elle était "attristée de voir s’étaler des jugements négatifs et dévalorisants sur les musulmans de France".

La polémique sur la viande halal a été initiée par la candidate du Front national, Marine Le Pen, puis reprise par Claude Guéant qui l’a même liée au droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales.

Nicolas Sarkozy a pour sa part plaidé samedi à Bordeaux en faveur de "l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage". Lundi dans l’Aisne, il est revenu sur le sujet devant la presse, : "Un sondage disait il y a dix jours que le premier sujet de préoccupation des français, c’est cette question de la viande halal", a-t-il lancé, alors qu’il avait jugé le 21 février qu’il s’agissait d’une "polémique qui n’a pas lieu d’être".

Il n’est "pas judicieux" et "ce n’est pas le moment de parler" de l’étiquetage de la viande halal ou casher, a de son côté réagi le Grand rabbin Bruno Fiszon, spécialiste des questions d’abattage au Consistoire central. "Si on veut informer, qu’on informe le consommateur sur tous les événements qui ont amené son steak dans l’assiette. Un étiquetage qui se focaliserait uniquement sur le rituel conduirait à une stigmatisation", a-t-il insisté.

M. Fillon a défendu la position du président-candidat et réfuté toute stigmatisation des musulmans et juifs de France: "On ne peut demander à la fois la traçabilité de tous les produits et ne pas souhaiter que les Français sachent ce qu’ils mangent".
Il n’a pas désavoué non plus Claude Guéant pour avoir établi un lien entre droit de vote des étrangers et viande halal. Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs répété lundi soir, quasiment dans les mêmes termes, ses propos sur un lien éventuel entre vote des étrangers et viande halal.

Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a pour sa part pris ses distances avec le sujet. "J’ai déjà dit que le +choc des civilisations+ n’était pas ma tasse de thé. Je pense que le problème de la viande halal est un faux problème en réalité, qu’il y a d’autres vraies questions qu’il faut se poser", a déclaré le maire de Bordeaux.

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