Le confinement se durcit encore vendredi dans certaines régions de France avant le week-end pascal au terme duquel Emmanuel Macron détaillera les suites de ce dispositif amené à se poursuivre pour contrer l’épidémie de coronavirus, qui semble ralentir très légèrement dans le pays.
Entamé le 17 mars, prolongé une fois, le confinement continuera après mardi prochain, a prévenu l’Elysée. Jusqu’à quand? Le chef de l’État pourrait aborder la question dans son allocution lundi soir, sa quatrième depuis le 12 mars.
« Nous constatons depuis quelques jours les premiers impacts du confinement, un ralentissement très léger de l’épidémie », a indiqué vendredi soir le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. Selon lui, « un très haut plateau semble s’amorcer, avec une épidémie toujours très dynamique, toujours très hétérogène selon les régions ».
Dans ces conditions, il reste « indispensable de poursuivre » le confinement, « surtout à l’approche de ce week-end de fêtes », a-t-il insisté.
« Il faut surtout, dans le mois qui vient, continuer cet effort avec la même intensité, parce qu’il ne faudra pas que ça redémarre », a aussi mis en garde Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique Covid-19, sur RMC.
L’avis initial du Conseil scientifique, qui conseille Emmanuel Macron, était d’un confinement d' »au moins six semaines ».
En ce Vendredi saint, début de vacances pour certains, des préfets ont durci le confinement, alors que le bilan dépasse désormais les 13.000 morts en France même si, « pâle rayon de soleil » selon le Pr Salomon, le nombre de personnes en réanimation diminue légèrement pour le deuxième jour consécutif: 7.004 personnes nécessitent actuellement des soins lourds, soit 62 de moins en 24H00.
Comme le week-end précédent, quelque 160.000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour contrôler et éviter les départs, selon le ministère de l’Intérieur.
Un enfant décédé
Dans les Bouches-du-Rhône, où les vacances débutent, les contrôles du confinement seront renforcés sur le littoral, sur l’autoroute et dans les massifs.
En Corse, « un seul adulte par famille » pourra faire ses courses pendant une heure par magasin, en plus de contrôles renforcés sur les plages et lieux de promenade.
A Nice, neuf quartiers parmi les plus pauvres sont soumis à un couvre-feu dès 20h au lieu de 23h, la mairie faisant valoir un « non-respect des règles ».
A Paris, en Alsace ou encore à Saint-Etienne, la pratique sportive individuelle est plus strictement encadrée, alors que les sorties à plusieurs sont interdites en Ardèche.
Le bilan humain est d’au moins 13.197 morts depuis début mars, dont 8.598 à l’hôpital, soit 554 de plus en 24 heures, et 4.599 notamment dans les maisons de retraite médicalisées (Ehpad). En Ile-de-France, ce sont par exemple 60% des Ehpad qui ont signalé au moins un cas.
En Ile-de-France, un « enfant de moins de 10 ans » qui était en réanimation est décédé, « mais les causes de décès semblent multiples, même s’il y avait une infection à Covid-19 diagnostiquée », selon Jérôme Salomon. C’est le premier décès d’un enfant si jeune rapporté en France.
Pour soulager les hôpitaux franciliens, 45 malades du coronavirus ont été transférés vendredi vers la Nouvelle-Aquitaine. Au sein de l’AP-HP, qui regroupe 39 hôpitaux d’Ile-de-France, « il y a une accalmie » mais « très relative », a souligné Antoine Vieillard-Baron, chef du service de réanimation de l’hôpital Ambroise-Paré.
Prendre en compte l’environnement
Dans le cadre des consultations sur l’épidémie, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont poursuivi vendredi les échanges, au niveau européen comme français.
Ils ont notamment discuté en fin de matinée en audioconférence avec les responsables du patronat et des syndicats, pour la seconde fois en 15 jours après une première réunion le 26 mars.
Emmanuel Macron a aussi participé à une réunion en visioconférence avec des chefs d’Etat et de gouvernement et des commissaires européens liés au groupe Renew Europe, dont fait partie En Marche au Parlement européen.
Cette réunion s’est tenue quelques heures après l’accord trouvé entre les ministres européens des Finances sur une réponse économique commune. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a salué un plan de relance incluant « 500 milliards d’euros disponibles immédiatement ».
Onze ministres européens de l’Environnement, dont la France, ont appelé à ce que les plans de relance post-épidémie de coronavirus prennent en compte les questions d’environnement et de climat.
Outre la question du confinement, Emmanuel Macron est attendu lundi sur la nécessité ou non du port généralisé du masque.
Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, la question se pose uniquement « dans le cadre de la stratégie de déconfinement ».
Toujours dans le cadre de ses consultations, Emmanuel Macron avait rendu visite jeudi au controversé professeur marseillais Didier Raoult, héraut du traitement à l’hydroxychloroquine contre le Covid-19.
Le spécialiste des maladies infectieuses lui a présenté la dernière étude de ses services qui confirme, selon lui, l’efficacité du dérivé de la chloroquine, un médicament contre le paludisme, dès l’apparition des premiers symptômes du coronavirus.
Un peu plus de 1.000 patients ont reçu ce traitement pendant « au moins trois jours ». Dix jours après, plus de neuf sur dix avaient une charge virale nulle, selon l’institut de recherches à Marseille.
Mais des épidémiologistes critiquent l’absence d’un groupe témoin recevant un placebo et un biais, des participants à l’étude ayant des formes moins graves de la maladie.
« Aujourd’hui, l’hydroxychloroquine fait partie des hypothèses importantes, intéressantes, qui sont actuellement testées par beaucoup d »essais thérapeutiques », a relevé le Pr Salomon.
« Evidemment, le premier produit, qui démontrera à la fois sa sécurité et surtout son efficacité sera un médicament qu’on mettra à disposition des Français », a-t-il insisté.