Le chef du Polisario Brahim Ghali cité à comparaître le 1er juin devant la justice espagnole
Après mout tergiversations et démentis, un porte-parole du tribunal de l’Audience nationale a fini par indiquer que le chef des milices séparatistes, Brahim Ghali, hospitalisé en Espagne sous un faux nom et qui fait l’objet de plaintes pour « tortures », a été cité à comparaître le 1er juin devant la justice espagnole.
Brahim Ghali « est cité à comparaître le 1er juin », a confirmé à l’AFP le porte-parole de cette haute juridiction basée à Madrid, mettant fin à plusieurs jours de confusion.
Une source directement impliquée dans l’affaire avait assuré lundi à l’AFP que M. Ghali avait été cité à comparaître mercredi, une nouvelle également publiée par de nombreux médias espagnols. Mais mercredi, l’Audience nationale avait démenti cette information.
Le chef du Polisario doit être entendu par la justice après une plainte pour « tortures, séquestration, enlèvement » déposée par Fadel Breika, dissident du Front Polisario, naturalisé espagnol
Selon le porte-parole de l’Audience nationale, la police a pu vérifier l’identité de la personne admise dans un hôpital de Logroño, dans le nord du pays, et confirmer ainsi qu’il s’agissait bien de Brahim Ghali. Son audition le 1er juin dépendra de son état de santé, a encore dit ce porte-parole.
L’hebdomadaire français Jeune Afrique avait affirmé que le chef du Polisario avait été hospitalisé d’urgence le 21 avril à Logroño sous un nom d’emprunt algérien Mohamed Benbetouche et un vrai-faux passeport diplomatique algérien..
Selon l’entourage du chef des milices séparatistes, celui-ci est en convalescence après avoir été soigné du Covid-19.
L’accueil en catimini par l’Espagne de ce tortionnaire a suscité une polémique internationale et de vives réactions de la société civile et des responsables politiques.
L’Espagne « défie le droit international », a estimé l’ex-président britannique, Derek Conway.
« En complotant avec l’Algérie pour faire entrer clandestinement ce terroriste sous le motif de recevoir un traitement médical, le gouvernement espagnol défie l’ordre international », s’est indigné M. Conway, appelant l’Espagne à « expliquer à la communauté internationale les raisons pour lesquelles elle aurait collaboré avec le régime algérien pour faire entrer clandestinement cet individu recherché par la justice » avec « un faux passeport diplomatique délivré par l’Algérie ».
Pour Emmanuel Dupuy, « l’accueil en catimini du chef du polisario, poursuivi en Espagne pour crimes de guerre, est une sacrée entorse aux us et coutumes diplomatiques de la part de l’Espagne vis-à-vis du Maroc, deux pays liés par la proximité géographique, l’histoire partagée et une profonde et longue relation économique ».
« Il convient de ne pas oublier que »l’intrigue se joue aussi à Alger dans ce qu’il est convenu d’appeler le « GhaliGate », a-t-il ajouté.
Quant à l’eurodéputé Vert, Mounir Satouri, il souligne d’emblée que « le scénario est digne d’un truculent roman d’espionnage », sur fond d’un conflit qui dure depuis plus de 45 ans.
Porteur d’un vrai faux passeport diplomatique algérien, Brahim Ghali « aurait bénéficié d’un avion médicalisé affrété par la présidence algérienne et de la clémence discrète des autorités espagnoles », fait remarquer le député européen, notant que « cette manœuvre, véritable maladresse diplomatique, constitue une violation grossière de l’Etat de droit espagnol et des valeurs de l’UE ».