Le chef de l’ONU défend « le rêve » d’un Etat palestinien, Israël a d’autres priorités

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a défendu lundi devant les dirigeants israéliens à Jérusalem le « rêve » de voir un jour un Etat palestinien vivre en paix avec Israël, une solution aujourd’hui mise en doute par Donald Trump.

M. Guterres, entré en fonctions en janvier, a fait ses premiers pas sur le terrain d’un des plus vieux conflits de la planète en disant "rêver" d’assister un jour à la création d’un Etat palestinien, malgré les "obstacles".

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a signifié que les préoccupations israéliennes du moment étaient ailleurs: dans les activités d’armement selon lui du Hezbollah dans le sud du Liban, dans l’échec, toujours selon lui, de la force de paix des Nations unies (Finul) à dénoncer les trafics d’armes dans ce secteur, et dans la présence iranienne en Syrie.

"Je rêve d’avoir la chance de voir un jour en Terre sainte deux Etats capables de vivre ensemble, dans une reconnaissance mutuelle, mais aussi dans la paix et la sécurité", a déclaré M. Guterres.

Le secrétaire général de l’ONU a reconnu l’existence d’un "certain nombre d’obstacles". "J’ai par exemple exprimé mon opposition aux activités de colonisation" israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.

Mais il a aussi dit la nécessité de condamner "le terrorisme", "les incitations à la haine", dans un message, essentiellement adressé semble-t-il, aux Palestiniens, ainsi que les dissensions entre factions palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

M. Netanyahu, à ses côtés devant la presse, n’a évoqué le conflit palestinien que de manière oblique pour dénoncer "l’obsession absurde" des Nations unies contre Israël.

"Le problème le plus urgent auquel nous faisons face concerne le Hezbollah et la Syrie", a dit M. Netanyahu.

Au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU débat du renouvellement du mandat de la Finul, M. Netanyahu a accusé cette dernière de faillir à sa tâche et de ne pas empêcher le Hezbollah de s’armer face à Israël.

Quant à l’Iran, ennemi déclaré d’Israël et soutien du Hezbollah, il "est en train de transformer la Syrie en camp retranché", y construit des usines de production de missiles, et entend se servir de la Syrie et du Liban "avec l’objectif déclaré d’éradiquer Israël", a-t-il affirmé.

M. Netanyahu a par ailleurs dénoncé les "tactiques discriminatoires" employées contre Israël à l’Unesco ou au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.

M. Guterres a défendu de son côté "l’impartialité" de l’ONU devant M. Netanyahu.

"Vous mentionnez ceux qui appellent à la destruction de l’Etat d’Israël, c’est une forme moderne d’antisémitisme", a dit auparavant M. Guterres au côté du président israélien Reuven Rivline après s’être rendu à Yad Vashem, mémorial de l’Holocauste à Jérusalem.

"Yad Vashem est là pour nous rappeler que nous devons être en première ligne du combat contre l’antisémitisme, mais aussi du combat contre toutes les formes de sectarisme", a-t-il déclaré.

"Mais vous comprenez aussi que je sois parfois en désaccord avec les positions du gouvernement d’Israël", a-t-il ajouté.

Au cours de sa première visite dans la région, M. Guterres sera accueilli mardi par le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. Mercredi, il est annoncé dans la bande de Gaza, gouvernement par le mouvement islamiste Hamas.

Le diplomate portugais devrait prendre la mesure de l’ornière dans laquelle se trouve l’effort de paix. Il a déjà dit qu’il ne voyait "pas d’alternative" à la solution dite à deux Etats.

Or cette solution est remise en doute depuis que le président américain Donald Trump a paru prendre ses distances avec elle en février.

M. Guterres est arrivé à Jérusalem dimanche soir quelques jours après le départ du gendre et haut conseiller de M. Trump, Jared Kushner, à la recherche des moyens de relancer l’effort de paix. M. Kushner a laissé derrière lui un des membres de la délégation américaine, Jason Greenblatt, représentant spécial pour les négociations internationales.

MM. Guterres et Greenblatt se sont vus dimanche soir, a tweeté ce dernier, et se sont entretenus du conflit israélo-palestinien et de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, parmi d’autres sujets.

La bande de Gaza est non seulement soumise aux blocus israélien et égyptien, mais aussi aux pressions financières de l’Autorité palestinienne.

afp

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite