Le chef d’Aqmi nomme le remplaçant pour le Sahara et le sahel d’un « émir » décédé et destitue Belmokhtar
Ces décisions de l’Algérien Abdelmalek Droukdel dit Abou Moussaab Abdelouadoud, chef d’Aqmi basé en Algérie, ont été rapportées par des sources sécuritaires maliennes et africaines jointes dimanche par l’AFP depuis Bamako.
"L’Algérien Yahya Abou El Hamame a été nommé par Droukdel Abdelmalek +émir du Sahel+, en remplacement de Nabil" Makhloufi, surnommé Nabil Abou Alqama, "mort dans un accident de la circulation le mois dernier" dans le nord du Mali, a affirmé une source sécuritaire malienne.
Sa nomination a été proposée "il y a deux semaines" et "depuis cette semaine, c’est officiel. C’est lui qui est le représentant de Droukdel dans le Sahara et dans le Sahel", a dit une autre source sécuritaire africaine.
Abdelmalek Droukdel a par ailleurs destitué l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, surnommé "Le Borgne", de la "katiba" qu’il dirige, ont aussi indiqué des sources sécuritaires concordantes.
Selon une source sécuritaire malienne, Droukdel "a informé toutes les +katibas+ du Sahel (du nord du Mali) de la destitution de Belmokhtar pour +déviation+. Il n’est donc plus chef de sa +katiba+" des "Moulathamounes" (les "Enturbannés" en arabe).
Cette information a été confirmée par une source sécuritaire africaine, indiquant que Belmokhtar a été destitué "pour +travail fractionnel+ après plusieurs mises en garde". "Mais il n’a pas encore de remplaçant à la tête de sa katiba", a-t-elle ajouté, sans plus de précisions.
Son successeur n’était pas connu dans l’immédiat.
Omar Ould Hamaha, un responsable malien de groupes jihadistes contrô lant depuis plus de six mois le nord du Mali avec Aqmi, qui est réputé proche de Belmokhtar, a simplement indiqué: "Pour le moment, ce sont des échos. Ce sont des échos qu’on entend, mais ce qui est sûr, c’est que le jihad continue."
D’après diverses sources sécuritaires, le nouvel "émir" d’Aqmi pour le Sahel et le Sahara s’appelle Djamal Okacha et a environ 40 ans.
Il coiffe désormais toutes les "katibas" dans ces régions, y compris celle de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid, présente à Tombouctou (nord-ouest du Mali), et celle que dirigeait Mokhtar Belmokhtar, présente à Gao (nord-est du Mali).
Ancien du Groupe islamique armé (GIA) algérien, Yahya Abou El Hamame fut également dans le noyau dur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), ancêtre d’Aqmi. Il est considéré comme un tireur d’élite et a participé dans le passé à l’enlèvement d’otages européens au sahel.
Il est considéré comme proche d’Abou Zeid, et les relations entre ces deux hommes et Belmokhtar sont jugées fraîches.
Selon des sources sécuritaires concordantes, Belmokhtar, un des chefs historiques d’Aqmi, a combattu en 1991 aux cô té des jihadistes en Afghanistan, avant de revenir trois ans plus tard dans son pays intégrer le GIA.
Il a ensuite été "émir" dans le Sud algérien, voisin du nord du Mali, où il a aidé à installer le GSPC).
Une des sources a précisé que Belmokhtar ne détient pas d’otages européens ce qui affaiblit son influence, selon des spécialistes.
Neuf Européens, dont six Français, sont aux mains d’Aqmi au Sahel.