La présidentielle américaine suspendue à l’enquête du FBI

A sept jours de l’élection présidentielle américaine, les policiers du FBI décortiquent des centaines de milliers d’emails à la recherche d’éléments susceptibles d’incriminer Hillary Clinton, une enquête sous pression énorme qui plonge le scrutin dans l’incertitude.

Qu’en sortira-t-il et surtout quand ? Le doute le plus complet continuait à planer mardi sur ces questions capitales, renforçant la fébrilité ambiante.

De fait, quatre jours après l’annonce par le chef de la police fédérale, James Comey, d’une extension de l’enquête sur l’utilisation par Mme Clinton d’un serveur privé quand elle était secrétaire d’Etat, l’effet de bombe n’était toujours pas retombé.

Dans le camp de la candidate démocrate, qu’un sondage crédible donne désormais au coude-à-coude avec son rival Donald Trump, la pilule a du mal à passer.

"Il (James Comey) agite devant nous des informations. Puis on découvre qu’ils (les policiers) n’ont même pas de mandat d’enquête pour savoir de quoi il en retourne", s’est emporté mardi Robby Mook, directeur de campagne d’Hillary Clinton.

Le mandat d’enquête a finalement été délivré dans l’urgence par les autorités judiciaires et les investigateurs se sont mis au travail dimanche.

Ils ont sauvegardé les données du disque dur de l’ordinateur portable de l’ancien législateur Anthony Weiner, mari d’une très proche collaboratrice de Mme Clinton, Huma Abedin. L’ordinateur servait aussi bien à lui qu’à elle.

M. Weiner, aujourd’hui séparé de Mme Abedin, était dans le collimateur de la police, accusé de corruption de mineure.

Son ordinateur portable recèle des centaines de milliers d’emails, mais les enquêteurs du FBI ciblent les messages associés à Huma Abedin, eux-mêmes susceptibles d’avoir transité par le serveur privé d’Hillary Clinton.

Tout comme sa mentor, Mme Abedin a eu recours à d’autres comptes emails que son compte sécurisé "state.gov", dont un "yahoo.com" et bien sûr une adresse "clintonemail.com".

Concrètement, face à la masse d’informations à traiter, le FBI utilise un logiciel faisant un tri grâce à des mots-clés et les données figurant dans les lignes expéditeur, destinataire et sujet des emails.

M. Comey est régulièrement tenu au courant de l’avancée des recherches, ont rapporté des sources proches de l’enquête citées par des médias.

Mme Abedin, selon des extraits de son interrogatoire en avril publiés par le FBI, a confié utiliser ses comptes privés de façon routinière pour imprimer des emails, sans se soucier s’ils contenaient des éléments top secret.

L’équipe de plusieurs dizaines d’enquêteurs à pied d’oeuvre rassemble, dans un bâtiment de la capitale fédérale, des experts en informatique et en contre-espionnage.

L’enquête relancée a réjoui les partisans de Donald Trump et plombé les démocrates, les deux camps exigeant d’une rare façon univoque d’en savoir plus.

Le ministère américain de la Justice n’a que partiellement répondu à ces exigences, dans une lettre adressée lundi à des élus au Congrès.

"Le ministère va continuer à oeuvrer en étroite collaboration avec le FBI et, ensemble, dédier toutes les ressources nécessaires et prendre toutes les mesures adéquates de manière aussi prompte que possible", a écrit Peter Kadzik, un collaborateur de l’Attorney general Loretta Lynch.

Reste que la sérénité affichée est ébranlée par la fronde des démocrates, qui dénoncent de graves entorses du FBI aux principes de ne pas commenter des enquêtes en cours et d’éviter les actions influençant l’opinion à l’approche d’une élection.

"Ce n’est pas ainsi qu’on mène des enquêtes fédérales", a cinglé mardi le New York Times, influent quotidien qui soutient officiellement Mme Clinton. Le journal a dénoncé "la décision hâtive et irresponsable" de James Comey.

Mme Lynch et M. Comey ont évoqué lundi l’affaire en face-à-face, en conservant toutefois la discrétion sur cette rencontre.

Même si des informations confidentielles étaient trouvées dans la mémoire de l’ordinateur de M. Weiner, la police fédérale pourrait revenir à sa conclusion annoncée en juillet, à savoir que Mme Clinton n’a pas mis en péril de façon intentionnelle la sécurité des Etats-Unis.

A l’inverse, on peut imaginer que le FBI découvre de graves éléments inédits sur des emails qu’on pensait effacés de l’ancienne chef de la diplomatie américaine, y compris si celle-ci remporte la Maison Blanche.

La Constitution accorde une large immunité au président des Etats-Unis pour des faits commis pendant son mandat et seuls ces derniers peuvent déclencher une procédure d’"impeachment". Il est difficile de dire si l’immunité peut couvrir des faits antérieurs.

Mais, dans tous les cas de figure, il faut s’attendre à ce que les élus républicains épluchent les conclusions du FBI et harcèlent Mme Clinton par l’arme des puissantes commissions d’enquête au Congrès.

Dans une possible coïncidence surprenante, le FBI a annoncé mardi la publication d’un vieux rapport d’enquête sur l’amnistie très controversée par le président Bill Clinton du sulfureux trader Marc Rich (1934-2013).

"A moins que cela corresponde à la date limite d’une procédure prévue par la Loi sur la liberté d’information (FOIA), voilà qui est étrange", a réagi Brian Fallon, porte-parole de Mme Clinton.

Source AFP

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