La naïveté belge pointée du doigt
Alors que la fumée des attentats de Belgique ne s’était encore pas totalement évaporée du ciel gris de Bruxelles que déjà s’étaient élevées à Paris des accusations implicites d’incompétence et des reproches à peine voilées de mauvais management du phénomène terroristes adressés aux autorités et aux services de sécurité belge. Cette attaque violente et frontale alors que l’émotion n’était pas encore retombée était enveloppé sous le vocable de « naïveté ».
Par Mustapha Tossa
C’est que cette réaction, politiquement épidermique, reflète aussi la somme de nombreux agacements français à l’égard de la Belgique depuis les attentats de novembre dernier. Cette Belgique décrite par le presse européennes comme la plaque tournante Paris découvrait avec quelle facilité des cellules terroristes, majoritairement concentrée dans le dorénavant mythique et tristement célèbre quartier de Molenbeek, pouvaient se livrer à leurs besognes conspiratrices à l’insu des fins limiers belges, y compris ceux qui portaient dans leur cassier judiciaire un lourd et bruyant passif djihadiste. Paris à l’époque reprochait à Bruxelles de ne pas lui avoir fourni les informations nécessaires pour éviter les carnages de Novembre. A cette période, ces défaillances ont été mises sur le dos d’une absence de coopération entre les services européens la hauteur des défis de sécurité qui s’imposent actuellement à l’Union Européenne.
La situation des autorités belges a été rendue encore plus compliquée par les relations des autorités turques qui affirment leur avoir transmis le pedigree terroriste d’un des frères El Bakraoui sous forme d’une alerte sérieuse. La Belgique, qui dément ces informations, ne semble pas avoir accordé une importance suffisante à l’avertissement turque. Ce qui explique pourquoi ce terroriste catalogué était non seulement non seulement en liberté mais laissé sans surveillance particulière.
Et quand au lendemain des attentats de Bruxelles, le monde entier pouvait entendre dans le bouche de François Hollande, Bernard Cazeneuve ou Manuel Valls exiger encore une coopération plus accrue entre les services de sécurité, le message était clairement perçu que les leçons n’ont pas encore été tirées ni de sanglants attentats de Charlie Hebdo en janvier ni ceux de Paris en Novembre. S’est alors invitée dans le grand déballage sur la sécurité en Europe cette polémique sur l’existence d’une vraie coopération entre services de sécurité des pays de l’Union, d’un échange réelle d’information sensibles sur des individus et des groupes terroristes susceptibles de passer à acte. Pour une opinion européenne effarée, le simple fait de poser cette interrogation est sources d’angoisse.
Ces persistantes défaillances posent la problématique d’une agence européenne commune de lutte contre le terrorisme qui aurait plus de pouvoirs et d’habilitation que les structures déjà existantes au sein de l’union européenne et dont la mission est là sécurité et la protection du territoire. Lorsque l’idée de créer une sorte de "FBI européen" fut lancée, il lui fut opposé un argumentaire paralysant. Cette structure ne peut voir le jour et atteindre le niveau d’efficacité escompté à cause de la grande variété et autres différences dans les cultures de renseignements au sein des pays de l’Union européenne. Comment donc organiser la lutte contre les cellules djihadistes qui profitent de l’absence de frontières entre les pays de l’Union pour monter et dérouler leurs entreprises terroristes.
Les attentats de Paris puis ceux de Bruxelles commis par le même réseau posent aux pays de l’Union un vrai défi de sécurité. Une approche européenne commune aussi bien dans le démantèlement des cellules que dans le lutte idéologique contre les discours radicaux semble plus nécessaire que Jamais. Au-delà du plaisir facile de pointer la naïveté belge, le grand défi aujourd’hui est d’arriver à imaginer une politique de lutter contre le terrorisme pour rendre "tous les Molenbeek" d’Europe imperméables au discours de la violence et de la terreur.