L’art célèbre la femme marocaine à Paris

L’art célèbre la femme marocaine à Paris
Si la moudawana a remis au centre l’égalité entre les deux sexes, la femme et son rôle dans la transition démocratique restent encore des sujets de débat. Entre la femme ‘’maternelle’’ de Said Benouchane et la femme symbole de la ‘’culture marocaine’’ du photographe Ahmed Benaddi, la galerie Carrefour à Paris a tenté de cerner, à travers l’art, la place de la femme au sein de la société marocaine.

Les changements sociaux après la moudawana ne sont pas les seuls thèmes présents dans cette grande galerie parisienne située à quelques mètres du Panthéon. L’exposition ‘’Etre citoyenne au Maroc’’ organisée du 17 au 29 octobre par l’Association ‘’Coup de Soleil’’, a été montée pour offrir différents regards artistiques sur la femme plutôt qu’une vision purement sociopolitique. Les œuvres présentées sont ainsi équilibrées entre deux artistes hommes et deux artistes femmes en référence à la consécration de la parité homme-femme dans l’article 15 de la Constitution.

Chaque artiste parmi les quatre présentés, Laïla Nazih, Hanane Al Fatmi, Said Benouchane et Ahmed Benaddi, montre une vision personnelle qui rejoint parfois le contexte politique actuel.

La citoyenneté tout comme la place de la femme dans la vie politique sont évoquées plutôt que traitées de manière explicite dans les tableaux et les photographies. Le thème de la femme et de sa représentation dans l’art arrive en premier plan et permet d’aborder la question plus large de la vision de la femme marocaine aujourd’hui.

La culture ancestrale marocaine est aussi mise à l’honneur à travers l’exposition. Le photographe Benaddi s’est par exemple attaché à montrer le corps habillé de la femme par des motifs orientaux qui renvoient au patrimoine marocain. Le corps est photographié avec pudeur et le nu est présenté comme un support pour mettre en valeur une culture et sa richesse.

Outre la culture et l’art sublimés par la femme, le corps est aussi montré dans sa fragilité. L’artiste Said Benouchane qui expose depuis six ans dans la galerie, s’emploie, grâce à une technique particulière, à dessiner des images de la femme souvent en période de ‘’maternité’’. L’artiste utilise de l’encre de Chine et de l’acrylique qu’il laisse se dissoudre dans de l’eau appliquée sur la toile afin de favoriser la ‘’spontanéité du geste’’. Les toiles du peintre sont en noir et blanc avec des traits souvent irréguliers dus aux bavures de l’encre mêlée à l’eau. Une impression de tristesse se dégage de ces tableaux où ces femmes enceintes ont toutes les yeux clos et semblent figées dans cette période importante de leur vie.

Le propos de l’œuvre de Laïla Nazih est quant à lui tout autre. A travers des photographies sans retouches qui représentent souvent des traits de lumière, il est difficile de discerner à première vue l’image de la femme. L’œuvre est beaucoup plus portée sur le symbolique et chaque photo reflète une signification plus abstraite orientée aussi vers un sens spirituel et religieux. Sa photographie, l’Assomption, est une des seules où l’on retrouve du figuratif avec les silhouettes de femmes en foulard marchant en file sur fond noir.

Entre ces œuvres très diverses, celle de Hanane Al Fatmi, pour la première fois exposée, détonne. Des obèses, des corps déformés, des collages, le mélange du dessin et de la gravure forment un ensemble original d’où se dégage des thèmes plus politiques contrairement aux autres artistes. On trouve des collages intitulés ‘’Les électrices du dimanche’’ avec chaque tendance politique, les libéraux, les socialistes, les islamistes. L’idée était de questionner la future électrice à travers l’art sur ses choix politiques.

Par Ahmed El Midaoui

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