Cette démarche intervient trois jours après l’annonce par le président intérimaire Abdelkader Bensalah d’une nouvelle date –le 12 décembre– pour la tenue d’une élection présidentielle, un scrutin catégoriquement rejeté par le mouvement de contestation chaque vendredi dans les rues de la capitale.
"J’ai donné des instructions à la gendarmerie nationale" pour empêcher la venue de manifestants "d’autres wilayas" (préfectures) à Alger, a déclaré dans un discours le général Gaïd Salah.
A cette fin, il a appelé à "l’application rigoureuse des réglementations en vigueur, y compris l’interpellation" et la saisie "des véhicules et des autocars utilisés", ainsi que la délivrance d’"amendes à leurs propriétaires".
Dans ce discours prononcé à Tamanrasset, dans l’extrême sud, le général Gaïd Salah a motivé sa démarche par l’existence de "certaines parties (…) aux intentions malveillantes, (qui) font de la liberté de déplacement un prétexte pour justifier leur dangereux comportement", lequel "consiste à créer tous les facteurs qui perturbent la quiétude des citoyens".
Ces "parties", non identifiées, drainent "chaque semaine des citoyens issus de différentes wilayas (préfectures) du pays vers la capitale afin d’amplifier les flux humains dans les places publiques, avec des slogans tendancieux qui n’ont rien d’innocent", a argué Ahmed Gaïd Salah.
"Leur véritable objectif est d’induire l’opinion publique nationale en erreur avec ces moyens trompeurs pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien", a-t-il ajouté.
Depuis bientôt sept mois, l’Algérie –en particulier Alger– est le théâtre chaque vendredi de manifestations contre le pouvoir. Celles-ci ont abouti à la démission du président Abdelaziz Bouteflika début avril, et elles se poursuivent avec parmi ses mots d’ordre le départ de l’ensemble du "système" au pouvoir.
L’annonce du chef d’état-major de l’armée intervient trois jours après l’annonce d’une nouvelle date pour la tenue d’une présidentielle, le 12 décembre.
Une précédente tentative d’organiser ce scrutin, le 4 juillet, avait échoué, faute de candidat et face au refus obstiné de la contestation, dont les manifestations se sont poursuivies sans le moindre signe d’essoufflement.
Le mouvement ("Hirak") rejette la tenue d’une élection avec le gouvernement actuel. Il réclame le démantèlement de l’appareil hérité des 20 ans de présidence Bouteflika ainsi que la mise en place d’institutions de transition, ce que refuse le pouvoir.
Ce mardi, comme chaque semaine, les étudiants ont manifesté pour la 30e semaine consécutive, en exprimant leur opposition persistance à la tenue d’une élection présidentielle.
Les manifestations étaient officiellement interdites à Alger depuis 2001 lorsque la contestation a subitement éclaté, le 22 février, face à la perspective d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.