Israël : Netanyahu reconduit confortablement à la tête du Likoud

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption et contesté en interne pour la première en une décennie, a été reconduit confortablement à la tête de son parti de droite, le Likoud, qu’il mènera de nouveau lors des législatives de mars.

Le député et ex ministre Gideon Saar avait peu de chances de l’emporter face à M. Netanyahu, maître du Likoud depuis 1993 –hormis six ans où le parti était dirigé par Ariel Sharon. Mais des résultats serrés auraient pu fragiliser le Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël -plus de 13 ans dont dix sans discontinuer.

Le résultat final, communiqué dans la nuit de jeudi à vendredi, laisse peu de place au suspense: 72,5% pour le chef du gouvernement, contre 27,5% pour son rival.

"Une immense victoire! Merci aux membres du Likoud pour leur confiance, leur soutien et leur affection", a réagi sur Twitter Benjamin Netanyahu, peu après minuit, une heure après la fin du scrutin.

Quelque 57.000 membres du parti ont voté pour cette primaire, soit une participation légèrement inférieure à 50%.

"Avec votre aide et celle de Dieu, je dirigerai le Likoud vers une grande victoire aux élections à venir et nous continuerons à mener l’Etat d’Israël vers des réussites sans précédent", a poursuivi M. Netanyahu, 70 ans.

Il doit prononcer un discours à 11H00 (09H00 GMT) vendredi.

Si les médias israéliens avaient prédit une victoire de M. Netanyahu, sa large avance fait la une de nombreux journaux.

"Netanyahu, grand moment", a écrit le plus grand quotidien payant du pays, Yediot Aharonot, tandis que la radio publique KAN a parlé d’une "victoire écrasante".

Le quotidien de gauche Haaretz a estimé que le Premier ministre devait sa victoire à la "loyauté tribale" de ses partisans.

Benjamin "Netanyahu a dirigé le parti lors des 14 dernières années de façon consécutive et durant deux décennies en tout. Les membres du Likoud les plus jeunes n’ont jamais connu leur parti sans Netanyahu à sa tête", a noté le journal.

– "Prendre des risques" –

Gideon Saar a concédé sa défaite et félicité le chef du gouvernement. "Je suis satisfait de ma décision de me dresser" contre lui, a-t-il écrit sur Twitter. "Ceux qui ne veulent pas prendre de risque ne gagneront jamais".

"Félicitations au Premier ministre (…). Mes collègues et moi serons derrière lui lors de la campagne pour assurer la victoire du Likoud", a-t-il ajouté, en référence aux législatives du 2 mars.

Le scrutin avait été réclamé par M. Saar après l’inculpation le mois dernier de M. Netanyahu pour corruption, abus de confiance et fraude dans trois affaires.

M. Netanyahu a dénoncé de "fausses accusations motivées par des considérations politiques" après l’annonce de son inculpation.

Stephan Millier, politologue interrogé par l’AFP, a relevé qu’il avait mené une campagne particulièrement intense pour ne laisser aucune chance à son adversaire. "Son poste était en jeu et il s’est battu".

Une victoire à la primaire était une étape cruciale pour le chef du gouvernement, qui doit rester en fonction au vu de son inculpation: la loi israélienne prévoit que tout ministre étant poursuivi pénalement doit démissionner, mais cela ne s’applique pas au Premier ministre.

On l’a ainsi vu tenir certains jours plusieurs réunions publiques dans des villes différentes. Jeudi, il apparaissait en direct sur Facebook en train d’appeler des adhérents du parti au téléphone pour les exhorter à voter.

– Impasse politique –

M. Netanyahu a désormais la lourde tâche de mener la campagne du Likoud pour les troisièmes législatives en moins d’un an.

Au terme des élections anticipées d’avril, puis de septembre, ni M. Netanyahu ni le centriste Benny Gantz, du parti "Bleu-Blanc", n’ont réussi à rallier 61 députés, seuil de la majorité parlementaire pour former un gouvernement.

Le président Reuven Rivlin a dû confier cette tâche au Parlement lui-même, qui n’y est pas parvenu non plus, précipitant le pays vers un scrutin supplémentaire.

Pour sortir le pays de l’impasse, des députés devront changer de camp pour rejoindre soit celui de M. Gantz, soit celui de M. Netanyahu. A moins que les deux rivaux ne s’unissent.

Mais le parti "Bleu-Blanc" refuse de partager le pouvoir avec un Premier ministre inculpé. Face à M. Netanyahu, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz joue la carte de la probité.

Selon Gayil Talshir, professeure de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, cette victoire à la primaire pourrait enhardir M. Netanyahu dans sa croisade contre son inculpation.

"Tout l’enjeu pour Netanyahu est d’assurer une immunité, et pour cela il a besoin de 61 votes" au Parlement, soit la majorité permettant de former le gouvernement, a-t-elle ajouté.

Les premiers sondages laissent cependant entrevoir le statu quo chez les électeurs.

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