Islam : le CFCM charge une commission de définir « les signes de radicalité »

Le Conseil Français du culte musulman (CFCM), qui tenait mardi une réunion exceptionnelle de son conseil religieux, a annoncé avoir chargé une commission de "définir les grands signes de radicalité" d’ici à la fin de l’année, en plein débat autour de la pratique de l’islam en France.

"Nous avons chargé la commission religieuse (…) de définir les grands signes qui permettraient de ne pas faire l’amalgame entre religiosité et radicalité", a déclaré devant la presse Aslam Timol, président de la commission halal du CFCM, promettant "des annonces très fortes" d’ici à la fin d’année.

Cette "réflexion sur les signes de radicalisation religieuse" vise à "lever toute confusion avec la pratique religieuse piétiste", a expliqué dans un communiqué le président du CFCM Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris.

Le conseil religieux du CFCM se réunissait au lendemain d’une rencontre avec Emmanuel Macron qui l’a appelé lundi à "combattre, aux côtés de l’Etat, le communautarisme et l’islamisme".

La détection des signes de radicalisation islamiste est revenue dans le débat depuis la tuerie à la préfecture de police perpétrée début octobre par l’un de ses agents soupçonné de radicalisation.

"Il faut chercher les signes avant-coureurs", a dit Abdallah Zekri, délégué général du CFCM et président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, ajoutant que c’est "très difficile".

"Un fonctionnaire de police en poste depuis 16 ans n’a pas été détecté par ses propres services, comment voulez-vous qu’un imam détecte quelqu’un de radicalisé?", a souligné M. Zekri. "Un rabbin ne touche pas la main des femmes, est-ce qu’on va lui dire +vous êtes radicalisé+?", a-t-il interrogé.

"Le fait de porter une barbe, le fait de pratiquer la prière cinq fois par jour à la mosquée, le fait de pratiquer le ramadan, certains sont amenés par des raccourcis très faciles à considérer cela comme étant des signes de radicalité. Or, ils ont tout faux", a insisté Aslam Timol.

Après l’attaque lundi de la mosquée de Bayonne, Abdallah Zekri a par ailleurs appelé le président Emmanuel Macron à faire "des déclarations fortes par rapport aux hommes politiques" qui par leurs propos "irresponsables" contribuent à créer un "climat très tendu" autour de l’islam.

Le conseil religieux du CFCM a par ailleurs rappelé que "le port du voile est une prescription religieuse, mais celles qui ont décidé de s’en affranchir ne sont pas moins musulmanes et restent dans la communauté des croyants".

Le Sénat à majorité de droite examine mardi une proposition de loi LR visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires.

Le port du voile est au coeur d’une nouvelle polémique depuis le 11 octobre et la prise à partie par un élu du Rassemblement national d’une mère voilée qui accompagnait son fils lors d’une sortie scolaire au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

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