Irak: le chef religieux Sistani met fin à ses messages hebdomadaires

Le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite en Irak, va cesser de délivrer ses messages hebdomadaires qui avaient jusqu’ici un impact politique majeur en coulisse, un signe apparent de frustration vis-à-vis du gouvernement.

Le chef religieux irakien, vénéré par des millions de fidèles, avait fait de ses messages, délivrés par des représentants lors de la prière du vendredi, un moyen pour appeler les Irakiens à lutter contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), inciter à des réformes anti-corruption ou encore appeler à l’unité dans ce pays profondément divisé.

Chaque vendredi, "nous lisions, dans le second sermon, un texte représentant les perspectives et les opinions de l’autorité religieuse suprême sur les affaires irakiennes", a indiqué un représentant de M. Sistani, Ahmed al-Safi. Mais il a été décidé que "cela ne se passera plus chaque semaine (…)" mais seulement lorsque les circonstances l’exigent, a-t-il ajouté sans expliquer cette décision.

Selon Hayder al-Khoei de Chatham House, un think tank spécialisé dans les relations internationales, la fin de ces messages réguliers souligne la frustration de M. Sistani vis-à-vis du Premier ministre Haider Al-Abadi et de son gouvernement. "Manifestement, M. Sistani est toujours furieux contre le gouvernement en raison de l’échec de son programme de réformes", a soutenu M. Khoei. Cette décision "indique une frustration évidente, ses messages constants faisant pression pour des réformes n’ayant pas été écoutés", a-t-il déclaré.

Ali Sistani a appelé à plusieurs reprises le gouvernement irakien à mettre en oeuvre des réformes pour lutter contre la corruption mais une partie de la classe politique a empêché un véritable changement. Selon les propos d’un dignitaire religieux rapportés par M. Khoei, "M. Sistani ferme à moitié la porte (au Premier ministre) Abadi". Connu pour sa pondération, Ali Sistani considère que les religieux doivent conseiller sans se mêler de la gestion des affaires publiques. Son rôle a toutefois eu un impact majeur sur l’évolution de l’Irak après la chute de Saddam Hussein en 2003.

En 2004, il avait pressé les Américains d’organiser des élections démocratiques, et est à l’origine de la création d’une coalition chiite aux législatives de 2006. Son intervention la plus influente de ces dernières années est intervenue en 2014 lorsqu’il a appelé les Irakiens à prendre les armes pour stopper l’avancée jihadiste de l’EI.

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