"Ils chantent, ils dansent, ils jouent et ils sont l’orchestre", résume Kathleen Marshall, la metteuse en scène et chorégraphe d’"In Transit", comédie musicale dont la première aura lieu le 11 décembre.
Dans l’univers très calibré de Broadway, avec orchestre ronflant et vibrato, "In Transit" est un projet à part, qui fait le pari du dépouillement là où l’opulence est tradition.
Il y a plus de vingt ans, "Avenue X" avait, le premier, osé avec succès le "musical" a cappella, mais c’était "Off-Broadway", c’est-à-dire sur le circuit parallèle, où les moyens et les enjeux financiers ne sont pas les mêmes.
Depuis, la série "Glee" (2009-2015) et ses nombreuses séquences chantées sans instrument, et les deux films "Pitch Perfect", dont le second a surpris au box-office, ont offert à ce style musical une notoriété inédite.
Des milliers de groupes se sont constitués dans les universités du pays, avec championnat, finale nationale à New York et série de télé-réalité.
Signe que l’a cappella n’est plus une niche, le groupe Pentatonix, qui n’utilise que des voix, a atteint, en novembre 2015, la tête des ventes d’albums aux Etats-Unis.
L’heure était venue d’affronter Broadway, temple de la musique populaire.
Le projet, Kristen Anderson-Lopez l’avait dans ses cartons depuis 1999. L’auteure, primée aux Oscars pour la chanson "Libérée" ("Let It Go") du film d’animation "La Reine des neiges", s’est associée à trois amis auteurs, new-yorkais comme elle, pour le concrétiser.
A l’arrivée, les aventures de onze personnages qui se croisent, se retrouvent ou tombent amoureux dans le métro de New York, le tout rythmé par la fièvre permanente d’une ville qui ne reprend jamais son souffle.
C’est aussi une métaphore sur les itinéraires de vie, avec leurs détours et leurs impondérables, qui souligne l’importance des petits moments de l’existence.
"C’est une comédie musicale sur New York, mais en même temps, cela parle de gens qui essaient de se trouver ou d’atteindre un point dans leur vie où ils pourront se dire: ça y est, j’ai réussi", explique James Snyder, qui joue Nate, un financier au chômage, dans le spectacle.
"C’est excitant de faire partie de quelque chose qui essaye de repousser un peu les limites", a expliqué à l’AFP Chesney Snow, l’un des deux acteurs qui assure la "Beat Box", qui consiste à imiter des percussions à la voix.
Pour réussir l’exercice, les acteurs ont dû modifier leur chant, sous la direction de Deke Sharon, grand prêtre de l’a cappella aux Etats-Unis.
"Il faut penser à sa voix comme à un instrument", décrit James Snyder.
"Souvent, on est plutôt sur une voix blanche (sans effet) qui peut se mélanger avec les autres et créer le son d’instruments plus que de voix", s’enthousiasme David Abeles, Dave dans "In Transit".
"De temps en temps, Deke (Sharon) nous faisait mimer l’instrument que nous étions censé interpréter pendant que nous chantions", explique-t-il. "Ca aide à visualiser le son."
Outre les "Beat Boxers", les acteurs s’appuient sur une oreillette, qui leur donne un son comparable à celui de cymbales, pour garder le rythme tout au long de chaque morceau, explique Gerianne Perez, qui joue Kathy.
Car contrairement aux ensembles a cappella, les acteurs d’"In Transit" n’ont pas de chef de choeur pour les diriger.
"L’a cappella est une incroyable métaphore", a expliqué Kristen Anderson-Lopez au site du magazine Entertainment Weekly, "parce que vous devez vous brancher sur les autres et être à l’écoute."
Avec AFP