Brice Hortefeux revient donc sur le devant de la scène, avec pour objectif de redresser la barre. Pour cela, le ministre de l’Intérieur avance plusieurs principes qu’il juge "simples et justes", parmi lesquels le fait que la France "a le droit de choisir qui elle veut et qui elle peut accueillir sur son territoire" et qu’"un étranger en situation irrégulière a vocation à être reconduit dans son pays d’origine". Seule cette politique peut permettre, selon Brice Hortefeux, de réussir "l’intégration des étrangers qui respectent nos règles communes".
Des accords avec "les pays sources"
Pour éviter que la France ne devienne "une passoire", le ministre de l’Immigration annonce trois "initiatives". Ainsi, il réunira dès lundi prochain les préfets pour les mobiliser sur la lutte contre l’immigration clandestine. "J’ai déjà donné des instructions aux quinze préfets qui n’ont pas atteint leurs objectifs", assure d’ailleurs Brice Hortefeux dans Le Figaro. Après les préfets, ce sera au tour des consuls qui doivent être "plus vigilants" dans la délivrance des visas de court séjour, qui apparaissent parfois comme des "passeports pour la clandestinité".
Enfin, en janvier 2001, Brice Hortefeux tentera de réunir les ministres chargés de l’immigration de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Espagne et de l’Italie, qui, avec la France, concentrent 80% des flux migratoires vers l’Europe. S’ajouteront ceux de Malte, de la Grèce et de Chypre, qui constituent, d’après le ministre, les principaux points d’accès de l’immigration en Europe. Parallèlement, "une quinzaine d’accords ont, d’ores et déjà, été signés" avec des pays sources, appartenant au Maghreb et d’Afrique subsaharienne, assure Brice Hortefeux. "C’est le meilleur moyen de maîtriser l’immigration", juge le ministre. Tout en ajoutant que l’Hexagone doit "mieux contrôler les frontières extérieures".
Mené "courageusement" par Besson
Même si le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale – dirigé par Eric Besson, de manière très décriée – a été supprimé lors du remaniement ministériel de novembre, l’attribution du portefeuille de l’immigration à Brice Hortefeux n’a pas fait l’unanimité. C’est "un leurre grossier", dénonçait sur son blog le président du Conseil représentatif des associations noires, Patrick Lozès, insistant sur le fait que le ministre a été condamné pour injure raciale. Même constat du côté de Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, qui estimait dans Le Monde que "la réjouissance de la disparition de ce ministère ne pouvait être que de courte durée (…) La politique de l’immigration a besoin d’autres visions que celle de la police et des préfets." Peu importe. La ligne politique ne change pas. "C’est un changement de ministre, c’est tout", assurait d’ailleurs dans le quotidien du soir une source à l’Elysée.
Interrogé sur la suppression de l’intitulé "identité nationale" de ses fonctions ministérielles, Brice Hortefeux assure que le débat sur cette question "n’a pas été compris", même s’il a été mené "courageusement" par son prédécesseur, Eric Besson, désormais ministre de l’Industrie.