Grande fermeté marocaine à l’égard de Berlin et Madrid

Tous les historiens de la diplomatie marocaine auront compris que Rabat est passé à la vitesse supérieure dans ses relations avec ses amis et ses alliés. Après avoir longtemps composé avec la zone grise de leurs positions, le clair-obscur de leur approche et parfois le double langage de leur convictions sur le dossier du Sahara, aujourd’hui le Maroc exige d’eux une grande clarification pour enterrer définitivement cette séquence d’incertitudes et d’hésitations productrices de tensions.

C’est dans ce contexte qu’il faut placer la fermeté marocaine à l’égard de Berlin et de Madrid. Par des formules différentes, Rabat leur reproche de se livrer à un double jeu hostile. D’un côté un affichage d’amitié et de solidarité publique et officielle, de l’autre côté un comportement et une attitude douteuse. D’un côté des relations rationnelles et intéressées, de l’autre coté, une démarche subversive.

Avec l’Espagne, voisin vital et porte du nord du Maroc vers l’Europe, le partenariat stratégique a été patiemment tissé avec une balance commerciale qui ferait rougir d’envie tous les pays de la région, une coopération sécuritaire d’une efficacité à toute épreuve, qu’elle soit sur l’immigration clandestine, le trafic de drogue, le grand banditisme, le crime organisé ou la lutte contre le terrorisme.

Et pourtant à la première occasion, L’Espagne donne un véritable coup de poignard dans le dos du Maroc en recevant en douce le chef des séparatistes du Polisario Brahim Ghali avec une identité fictive et un vrai-faux passeport diplomatique algérien. Pire quand ce grand scandale a été porté à la connaissance de l’opinion internationale, l’Etat profond Espagnol s’ingénie à ralentir et à obstruer les procédures judiciaires lancées sur le territoire espagnol contre Brahim Ghali pour viols et crimes contre l’humanité. La justice espagnole notoirement connue pour son indépendance du pouvoir politique  prend un grand coup dans sa crédibilité nationale et internationale.

Pire encore. Pour enrober ce recul sur l’indépendance de la justice et cette duplicité du discours, les autorités espagnoles évoquent une logique humanitaire qui n’a pas lieu d’être dans un cas de violation de droit avéré comme celui qui entoure le chef des séparatistes. Sans doute sans le vouloir, les services algériens, par cet abracadabrant épisodique Ghali ont réussi l’exploit de dévoiler le véritable visage de la diplomatie espagnole et offert au Maroc une inestimable occasion d’exiger cette clarté et cette transparence de la part de l’Espagne. La logique diplomatique de Rabat est ce couac entre l’Algérie et l’Espagne pour plier le match. D’où cette insistance de la diplomatie marocaine d’exiger des réponses convaincantes sur cette attitude espagnole et d’en tirer toutes les conséquences.

A l’égard de l’Allemagne, le jeu diplomatique est sur un autre tempo, une autre vitesse. Il s’agit de l’accumulation d’un certain nombre d’indices qui renseigne sur la véritable position allemande. Tel un puzzle politique, mises côte à côte ces indicateurs donnent fortement l’image d’un tableau hostile à l’égard du Maroc, diffus et sournois dont il faut traiter le mal à la racine pour l’empêcher de répandre.

De l’exclusion du Maroc des négociations de Berlin sur l’avenir de la Libye, passant par la convocation inamicale du Conseil de sécurité de la part de l’Allemagne pour discuter et donc s’opposer à la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, jusqu’à la diffusion d’informations sécuritaires sensibles à l’égard d’individus et d’entreprises terroristes hostiles au Maroc. Autant d’éléments qui forment un faisceau d’une hostilité évidente à l’égard du Maroc .

Pour crever cet abcès, Rabat a choisi la méthode du « Blitz » diplomatique. Il commence par le gel spectaculaire de toutes relations avec l’ambassade allemande à Rabat et les fondations allemandes active au Maroc. Il se poursuit par la convocation de l’ambassadrice marocaine à Berlin pour concertation. Le Maroc compte user de tous les moyens pour obliger l’Allemagne à une clarification de son jeu à l’égard des intérêts vitaux marocains.  Avec cette maxime économique appliquée à la diplomatie « quoi qu’il en coûte

Parce que le tournant de la reconnaissance américaine est historique, le Maroc est entré dans une phase d’activisme diplomatique où il doit exploiter à chaud les retombées diplomatiques de cette performance. Ses alliés et ses amis européens sont actuellement sommés de sortir cette zone de confort qui leur a longtemps permis de jouer sur plusieurs tableaux et de naviguer dans les eaux troubles de la connivence et de la duplicité.

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