France : Gérald Darmanin, fidèle sarkozyste devenu pivot de la Macronie

Gérald Darmanin, rare ministre « politique » expérimenté aux côtés d’Emmanuel Macron malgré son jeune âge, ancien lieutenant du président Nicolas Sarkozy (2007-2012), est propulsé au ministère clé de l’Intérieur, suscitant des protestations de féministes à cause d’une plainte pour viol le visant.

Sa nomination faisait amplement grincer des dents mardi sur les réseaux sociaux, de la part des féministes mais aussi des LGBT qui retwittaient des publications de l’intéressé lors du débat sur l’ouverture du mariage aux homosexuels — adoptée sous le quinquennat du socialiste François Hollande– auquel il était vertement opposé.

Une vingtaine de militantes féministes se sont rassemblées mardi non loin du ministère de l’Intérieur, scandant « Darmanin démission » et « Darmanin violeur » pendant la passation de pouvoir.

Gérald Darmanin, 37 ans, est promu au sein du gouvernement au moment où la justice a ordonné la reprise des investigations concernant une accusation de viol le visant en 2009. Avant la réouverture de cette enquête, il avait bénéficié d’un non-lieu.

Début 2018, il avait en effet été mis en cause par deux femmes, l’une pour viol, l’autre pour abus de faiblesse, en plein mouvement #MeToo — des accusations qu’il réfute. Si l’enquête se poursuit donc pour l’une d’elles, le parquet a rendu un non-lieu pour la seconde.

L’entourage du président a pris les devants dès lundi soir en affirmant que la plainte pour viol le visant semblait « évoluer dans le bon sens » et n’avait « pas fait obstacle ».

Lui-même, petit-fils de tirailleur algérien et résistant, né à Valenciennes (Nord) d’un père tenancier de bar et d’une mère femme de ménage à la Banque de France, a mis en avant son parcours d’homme issu de milieu modeste : « Grand honneur, pour le petit-fils d’immigré que je suis, d’être nommé ministre de l’Intérieur de notre beau pays ».

Lors de son entrée en fonction mardi matin, il a déclaré son attachement à l’ordre républicain et la laïcité, régulièrement attaquée. La laïcité est le « ciment indispensable » de la République et il faut « combattre de toutes forces l’islamisme politique » qui souffle sur les braises des « séparatismes ».

Élu maire de Tourcoing, dans le nord de la France, dès le premier tour en mars dernier, M. Darmanin avait expliqué après son élection vouloir « peser davantage » sur les choix politiques et « continuer à travailler » avec le président de la République.

La nomination de cet ambitieux en remplacement de Christophe Castaner récompense son soutien réitéré au président de la République, après plus de trois ans passés au sein de Bercy, siège des ministères de l’Économie et des Finances.

Avant de rejoindre Bercy, Gérald Darmanin, engagé en politique à droite à 16 ans, était novice en matière budgétaire. Mais il y a imposé sa marque en faisant voter plusieurs textes de loi et avec la mise en place d’une brigade d’agents des impôts dotée de pouvoirs de police.

« sociologiquement de gauche et culturellement de droite »

Il peut surtout se prévaloir d’avoir mis la fiscalité française au diapason de la plupart des grands pays développés en faisant prélever l’impôt sur le revenu directement sur la feuille de paie, malgré les fortes réticences d’Emmanuel Macron.

« Je suis sociologiquement de gauche et culturellement de droite » : ainsi se définit l’ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, passé avec armes et bagages chez En Marche, fondé par Emmanuel Macron, après l’élection de ce dernier en 2017.

Un discours qui trouve pleinement sa place dans le credo présidentiel du « en même temps ».

Il a « parfaitement décodé le logiciel En Marche » et s’est fait le chantre d’un programme présidentiel appris « par coeur », abonde un député de la majorité.

Diplômé de Sciences Po Lille, Gérald Darmanin est passé, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, au secrétariat d’État chargé des Français de l’étranger et à celui des Sports. Il s’est ensuite fait élire député du Nord en 2012, puis maire de Tourcoing en 2014.

Quand Emmanuel Macron remporte la présidentielle en 2017, M. Darmanin acte la rupture avec son ancien parti en rejoignant Édouard Philippe, dont il est proche, au gouvernement.

Cette décision a été vécue comme une « trahison » à droite. Le patron des députés de droite (LR) Christian Jacob allant même jusqu’à déclarer mardi qu’Emmanuel Macron devrait « se méfier », car il a « les gènes de la trahison ».

 

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