Fillon-Juppé: Divergences sur Poutine et la Syrie

A la surprise générale, ce fut un débat extrêmement tendu mais sans agressivité notoire. Un débat riche en propositions mais sans grand clivage sur le plan économique.

Par Mustapha Tossa

Alain Juppé et François Fillon se sont livrés à une bataille de recettes destinés à réformer l’économie française et créer des emplois. La réforme du code de du travail à travers cette volonté de libérer l’administration française de fonctionnaires aussi coûteux qu’inutile. Sur ce plan la différence d’approche entre les deux hommes est plus technique que politique. Les deux hommes se sont livrés à une bataille des chiffres sans vraiment déborder la cadre libéral choisi par le Parti des Républicains (LR).

Par contre les deux hommes se sont lourdement, froidement affrontés sur les questions sociétales. L’ambiguïté prêtée à François Fillon sur la question de l’avortement avait permis à Alain Juppé d’enfoncer le clou et de coller cette réputation de conservateur rétrograde à son concurrent. Ce dernier avait essayé de résumer sa pensée en affirmant que la France n’est pas multiculturelle. Posture que n’auraient renié ni Nicolas Sarkozy ni Marine Le Pen. Du pain béni pour Alain Juppé qui lui a permis de marquer sa différence en disant haut et fort que la France, c’est la diversité à condition que ce ne mène pas au communautarisme. Cela lui a permis aussi de se positionner comme un rassembleur des identités riches et variées face une radicalité identitaire chevauchée avec un plaisir gourmand par François Fillon.

L’autre sujet de rupture entre les deux hommes a été la politique étrangère et la relation avec Vladimir Poutine. François Fillon, à qui on prête une amitié particulière avec le président russe, voudrait un rapprochement, voire une alliance avec le maître de Moscou tandis qu’Alain juppé pense à une relation plus exigeante. La crise syrienne a été par extension un sujet de divergence manifeste. François Fillon voudrait éradiquer Daesh avec l’aide de Bachar Al Assad alors que Juppé ne voit aucun rôle politique possible pour le président syrien.

Sur le plan diplomatique, les idées défendues par Fillon constituent une vraie rupture par rapport à la politique de la France ces dernières années. Il s’agit de changer la place du curseur diplomatique français dans un virage total. Tandis que les options défendues par Alain Juppé constituent une forme de continuité de la doctrine défendue par la droite classique et même celle attribuée à la gauche au gouvernement.

Ce que les observateurs ont pu retenir de ce débat c’est qu’Alain Juppé a essayé de marquer sa différence en soulignant avec une emphase maîtrisée les divergences avec François Fillon. Avec le secret espoir que les Français puissent en tenir compte et lui permette de renverser la tendance et rattraper son retard. Tandis son rival espère conforter sa performance du premier tour. François Fillon avait pu ressentir une forme de soulagement. Un sondage de BFM TV a affirmé que 57 % des téléspectateurs français l’ont trouvé convaincant.

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