"Les informations apparues dans certains médias soutenant l’existence de plagiat dans la rédaction de ma thèse de doctorat sont absolument FAUSSES", a tweeté jeudi matin le socialiste.
"J’entreprendrai des actions en justice, pour défendre mon honneur et ma dignité si ce qui a été publié n’est pas rectifié", a poursuivi Pedro Sanchez dans un message d’une rare virulence.
Le quotidien conservateur ABC l’accuse d’avoir eu recours au plagiat dans sa thèse de doctorat en économie, soutenue en 2012 à l’université privée Camilo José Cela, non loin de Madrid, et intitulée "Innovations de la diplomatie économique espagnole : analyse du secteur public (2000-2012)".
Alors inconnu du grand public, Pedro Sanchez aurait, selon ce journal, repris sans les citer des articles d’autres économistes, des rapports gouvernementaux et même le journal officiel espagnol.
Afin de lever les soupçons, Sanchez, dont la thèse n’était pas jusqu’ici consultable en ligne contrairement à d’autres travaux universitaires, a annoncé quelques heures plus tard qu’il la rendrait "disponible dans sa totalité" dès vendredi.
"Quel est le problème ?" a-t-il poursuivi sur Facebook en attaquant l’opposition de droite. "Parlons clair: le problème est que ceux qui gouvernaient il y a cent jours n’ont toujours pas compris qu’ils sont maintenant dans l’opposition" et mènent une "campagne de dénigrement de ma personne".
Dans un communiqué, l’université dont est diplômé Pedro Sanchez a annoncé avoir examiné la procédure d’attribution de son doctorat et confirmé qu’elle s’était faite en respectant les "contrôles habituels en milieu universitaire".
Mercredi, le chef du gouvernement avait eu des échanges tendus à la chambre des députés avec le leader du parti de centre droit Ciudadanos, Albert Rivera, qui lui avait lancé : "Rendez votre thèse publique ! Finissons-en avec les soupçons !".
‘Sensation d’injustice’
M. Rivera a évoqué ces soupçons alors que les révélations sur les diplômes de complaisance donnés à des personnalités politiques se sont multipliées ces derniers mois en Espagne, faisant tomber plusieurs d’entre elles.
Dernière victime en date, la ministre de la Santé de Pedro Sanchez, Carmen Monton, a démissionné mardi. Selon des médias, elle avait obtenu un master dans des conditions douteuses et eu recours au plagiat dans son mémoire de fin d’études.
Avant elle, la présidente conservatrice de la région de Madrid, Cristina Cifuentes, avait également dû démissionner pour des accusations similaires sur son master.
Et la justice enquête sur le parcours universitaire du président du Parti populaire (PP, droite) et chef de l’opposition Pablo Casado, également parsemé de zones d’ombre. Il a reconnu avoir obtenu dans la même université que Carmen Monton et Cristina Cifuentes un master sans assister aux cours ni présenter de mémoire de fin d’études.
"Si nous avons l’affaire Cifuentes, l’affaire Monton, l’affaire Casado, il ne peut pas y avoir une +affaire chef du gouvernement+ !" a lancé mercredi Albert Rivera à Pedro Sanchez devant les députés.
La multiplication de ces affaires peut laisser une trace dans l’opinion, pense Cristina Monge, professeure de sciences politiques à l’université de Saragosse.
"Beaucoup de parents paient très cher" pour payer les études de leurs enfants, "et cela crée une sensation d’injustice dans la classe moyenne, les électeurs de Ciudadanos et du PP".
Pour elle, la droite tente d’ailleurs d’alimenter les soupçons concernant les socialistes afin d’alléger la pression pesant sur Pablo Casado. Le numéro deux du PP, Teodoro Garcia Egea, a ainsi accusé M. Sanchez de faire du "deux poids deux mesures en fonction du parti où est l’accusé".